fi pendant l’abfence des Chaffeurs, il leur arrive de trouver les
cabanes.
Avant le commencement de l’Hiver, le principal chef envoie
tous les Chaffeurs à la chaffe & à la pêche pour avoir de la nourri,
ture. Ils prennent dans des foffes faites exprès des Bêtes fauves, telles
que font les Rennes, les Elans & les Marali, efpeçes de Cerfs, fe
font autour de ces foffes des enceintes, telles que la fituation des
lieux peut le permettre , afin que les Bêtes qui y viennent n’aient
pas d’autre chemin que celui qui y conduit. Si, par exemple, on a
creufé une foffe fur une montagne , ils font des deux côtés de
la foffe , & en travers , des enceintes qu’ils eonduifent plus ou
moins loin, fuivant que la fituation des lieux le permet. On couvrç
la foffe de petites branches de fapin ou de quelques autres arbres avec
de la mouffe ; mais pour empêcher que ces branches & la mouffe ne
tombent dans la foffe, on met par-deffus des perches , & on égale 1a
fuperficie de maniéré que cet endroit foit femblable, autant qu’il eft
poifible, aux lieux qui l’environnent, & que l’animal ne craigne point
de s’en approcher, Ils prennent avec des pièges les animaux de
moyenne grandeur, comme Renards, Loups-Cerviers, Loups & autres
; & les petits animaux & les oifeaux avec des filets & des lacets. Ils
tuent auifi à coups de fléchés & de fufil, les différentes fortes d’animaux
qu’ils rencontrent ; & s’ils commencent par tuer un Ours ou
un Ecureuil, ils regardent eela comme le préfage le plus heureux
pour leur chaffe ; mais s’ils ne tuent qu’un Coq de Bois, ou des Her*
mines , c’eft un très mauvais augure.
Lorfque la neige commence à tomber, & que les rivieres ne
font point encore gelées , tous les Chaffeurs , à l’exception des
chefs , vont aux environs des huttes à la chaffe des Zibelines avec
leurs Chiens & leurs filets; mais le chef principal avec les c h e f s des
bandes , relient dans les huttes, & chacun d’eux s’occupe à faite dç
petits traîneaux, des raquettes & des patins pour fa troupe.
d u K a m t c h a t k a . 407
Lorfque les rivieres font gelées, & que le temps favorable pour
la chaffe eft arrivé, le principal chef affemble toute la troupe dans
l’habitation d’hiver ; & après avoir fait des prières à Dieu, il envoie
chaque bande , fous fon chef, dans les endroits qu’il leur
a lui-même marqués. Les Chefs partent un jour d’avance & apprêtent
le lieu où l’on doit s’arrêter pour la chaffe, afin que la
troupe à fon arrivée trouve tout préparé, & que les eonduéleurs
puiffent aller en avant préparer de nouveaux endroits pour faire halte.
Lorfque le principal conduâeur fait partir les bandes de l'habitation
d’hiver , il donne différents ordres à tous les chefs : d’abord il
leur prefcrit de préparer la première halte en l’honneur de quelque
Eglife qu’il leur nomme , & les autres au nom &c en l’honneur des
Saints dont ils portent les images avec eUx ; que les premières Zibelines
qu’ils attraperont feront réfervées pour les Eglifes, Elles font
âppellées parmi eux les Zibelines de Dieu oU des Eglifes. On les
donne aux Chaffeurs qui ett portent les images fut eux,
Enfuite le principal chef ordonne à chaque conducteur de veiller
ivec grande attention fur la troupe, afin qu’ils faffefit leur chaffe de
bonne-fol, qu’ils ne cachent rien pour eux, 8c qu’ils ne mangent
rien en fecret. Il leur recommande encore qu’à l’exemple de leurs
Prédéceffeurs, ils n’appellent point une Corneille, un Serpent &
tiu Chat par leurs véritables noms, mais qu’ils les appellent le haut,
le mauvais, &c.
Ils difent auifi quune Zibeline eft un animal intelligent; & ,
félon eux, fi quelques Chaffeurs contreviennent aux ordres précédents
, la Zibeline fe moque d’eux, c’eft-à-dire qu’après être entrée
dans les pièges dont on parlera plus bas, elle les gâte autant qu’il
lui eft poifible, ou mange l’amorce’ : par-là ils attribuent non-
feulement de l’intelligence aux Zibelines , mais une pénétra*
don plus qu’humaine, comme fi ces animaux iavoient que les