il s’y forme environ 40 à jo petits trous ; s’il n’en fort point de matière
, c’eft, félon euxL un ligne de mort. Au refte ceux qui en réchappent,
font obligés de relier au lit pendant lix & même quelquefois
dixfemaines, & au-delà.
Pour les faire fuppurer , les Kamtchadals appliquent delfus | la
peau d’un lièvre qu’on vient d’écorcher, &lorfque ces ulcérés s’ou-
vrent, ils tâchent d’arracher jufqua la racine, d’où fort la matière
purulente.
La Paralylie, les Cancers, & le Mal vénérien , font regardés
chez eux comme des maladies incurables. Ils dilènt qu’ils ne con-
noilfent cette derniere, que depuis que les Rulfes font venus dans
leur pays ; ils appellent la Paralylie, Nalat, les Cancers, Kaikiche,
& le Mal de Naple, Arojitche.
Ils ont encore une autre maladie qu’ils appellent Soujoutche.
Elle reilèmble a la galle , & vient fous la poitrine en forme de ceinture.
Si la fuppuration ne s'établit pas, cette maladie eit mortelle. Ils
croient que perfonne ne peut éviter de l’avoir une fois dans fa vie,
comme chez nous la petite vérole.
Ce qu’ils appellent Cheletch ou Y A igle, ell auffi une maladie
qui infeéte tout le corps. Elle a les mêmes fymptômes que la galle,
& caufe quelquefois la mort. Elle leur eft envoyée, à ce qu’ils di~
fent, par un efprit malfaifant qui porte le même nom. Ils appellent
la galle, qui attaque chez eux la plupart des enfants, Teoued.
Comme M. Steller eft entré dans un grand détail de ces maladies ,
& des remedes qu’ils emploient, nous ne parlerons d’après lui que
des chofes les plus eifentielles.
Il dit que les Kamtchadals appliquent avec fuccès ffir les ulcérés
des éponges marines, pour les faire fuppurer : le fel alkali qui eft
renfermé dans cette éponge empêche de croître les chairs mortes
qui font autour. La guérifon cependant eft lente & difficile.
Les Cofaques mettent encore fur les ulcérés le marc de l’herbe
douce qui refte dans les chaudrons après qu’on a tiré l’eau-de-vie,
& par ce moyen ils diffipent & font fortir la matière purulente.
Les femmes emploient la framboife de mer pour faciliter leur
accouchement & hâter leur délivrance. Elles font encore ufage du
Nignou, connu en Ruffie fous le nom de Rave marine : elles en
pulvérifent la coquille avec les pointes ou piquants , & prennent
cette poudre pour fe guérir des fleurs blanches ; mais ce remede
n’eft que diurétique, & n’arrête pas l’écoulement.
Elles emploient avec beaucoup de fuccès la grailfe de loup marin
contre le ténefme ou la conftipation. Elles boivent du thé des Kouriles
, qui eft une décoètion du Pentaphillotdes fiuclicojiis, pour fe
délivrer des coliques ou tranchées , & de toutes les douleurs de
ventre qui proviennent de refroidiiTement. Elles appliquent fiir
toutes les bleflures de l’éeorce de Cèdre, qu’elles difent même avoir
la vertu de faire fortir les bouts de flèches, qui peuvent être reliés
dans les chairs.
Pour fe guérir de la conftipation , elles font cuire du Ioukoula aigri,
& boivent enfuite cette elpece de bouillie puante de poiflons.
Dans la dyiTenterie, elles mangent du Lac-lunce, qui fe trouve dans
plufieurs endroits du Kamtchatka. Elles font auffi ufage contre cette
maladie de la racine de Chelamain (1).
Voici comment ils prétendent guérir ceux qui ont des relâchements
de l’urétre, ou des envies continuelles d’uriner. On les fait
piller dans un cercle tilfu de Tonchitche , au milieu duquel ont
met des oeufs de poiflbn, à quoi ils ajoutent quelque fortilege oit
conjuration.
Ceux qui ont mal à la gorge, boivent avec fuccès du fuç aigre ,'
& fermenté de l’herbe nommée Kipreï ou Epilobium. Les Femmes
en couches emploient auffi ce remede pour favorifer leur
délivrance,
(?) Ulmarïa fruçîibus hïfpïdts. Stell.
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