leine à terre, ils font quelques cérémonies fuperftitieufes. Quand
ils ont bien attaché les courroies fur le rivage, ils mettent alors leurs
plus beaux habits, & apportent de leur Iourte une Baleine de
bois de la longueur d’environ deux pieds. Ils conftruifent un nouveau
Balagane ou une nouvelle hutte d’Eté, ils y portent cette Baleine
de bois, ne cédant de faire des conjurations. Ils y allument
une lampe , & y laiiTent exprès un homme , afin que le feu nes’é-
teigne point, tant que dure la pêche ; c’eft-à-dire depuis le Printemps
jufqu a l’Automne. Après cela ils coupent par morceaux la Baleine
qu’ils ont prife, & qu’ils préparent comme le mets le plus exquis,
de la maniéré fuivante.
Us font fécher à l’air le maigre qui fe corrompt aifément; &
après avoir féparé la peau de la graille , ils la battent avec des maillets
, jufqu a ce qu’elle devienne allez molle pour en faire des femelles
de fouliers, qui font d’un très bon ufage. Ils font auffi fécher la
grailfe à la fumée , comme on l’a déjà dit en parlant des Veaux marins.
Ils vuident & nettoient bien proprement les boyaux , lesrem-
plilTent de l’huile qui coule dans le temps que l’on dépece la Baleine
, ou qu’ils en tirent par le moyen du feu : ils n’ont point d’au- £
très vafes que ces boyaux pour la mettre.
Lorfque la faifon du Printemps favorable à cette pêche eft arrivée,
les Olioutores commencent à fortir leurs filets, & c’eft alors
la plus grande de leurs fêtes : elle fe célébré dans la Iourte avec
plufieurs pratiques & cérémonies fuperftitieufes, Us tuent des fe
Chiens en frappant fur des efpeces de tambours ; ils remplilfent
enfuite un grand vailfeau de Tolkoucha , & le placent devant la
fortie appellée Joupatia , c’eft-à-dire ouverture pratiquée dans le
côté de la Iourte. Us portent folemnellement la Baleine de bois du
Balagane dans la Iourte , en pouffant de grands cris. Ils couvrent
leurs Iourtes , afin qu’on n’y voie point de lumière. Lorfque les
Prêtres forcent de la Iourte la Baleine de bois, ils fe mettent a crier