fons ont dépofé leurs oeufs, ils ont grand foin de mettre leur vie
en fureté. Ils cherchent des endroits profonds, remplis de vafe SS
qui ne gelent point pendant l’Hiver. Ils remontent, autant qu’il eft
poflible, vers les fources chaudes, & y relient jufqua ce que l'Automne
foit fort avancé, & même jufqu’à la moitié de l’Hiver. Ils fe
retirent particulièrement dans les fources qui font aux environs des
lacs de Bolchaia Reka & d’Opala, où on les prend alors en allez
grande quantité. On en pêche aulfi prefque pendant tout l’Hiver
vers les fources qui viennent du Midi, & qui fe jettent dans la rivière
de Kamtchatka, & fur-tout proche l’endroit oùétoit autrefois
l’ancien Kamtchatskoi-Ollrog inférieur. Ce poilfon eft d’un grand
fecours pour les Habitants, qui en font leur nourriture. Je me fuis
trouvé moi-même, à la fin de Février, proche ces fources, à la pêche
de ce poilfon : il n’étoit pas gras, & n’avoit pas autant de goût
que pendant l’Automne.
Ce poilfon quoique falé & féché, eft aulfi bon que frais. Les ventres
fur-tout, lorfqu’ils font fumés, ont un bon goût, & je me fou-
viens qu’il y avoir dans cet endroit un homme qui favoit parfaitement
bien les accommoder. On prend le Belaïa avec le même filet
que le Keta & le Niarka. Le fil qui le compofe eft moitié moins
gros que celui des filets qui fervent à prendre le Tcha wouitcha, &c,
& les mailles n’ont environ qu’un pouce & demi de largeur.
Toutes les elpeces de poiffons dont on vient de parler , changent
de couleur, dépérilTent & deviennent maigres & méconnoilfables
lôrfqu’ils font dans les rivieres : leur mufeau fe recourbe, leurs dents
deviennent plus longues, & tout leur corps fe couvre d’une efpece
de galle. Le Tchawouitcha, le Niarka, le Bélaïa-Riba ou poilfon
blanc, d’argentés qu’ils étoient, deviennent rouges. Il en eft de
même du Keta : il lui refte feulement des taches ou raies noires.
Leurs nageoires & leurs queues deviennent d’un rouge noirâtre. En
un mot, fi l’on comparoir l’un de ces poiifons dans cet état avec un
autre de la même efpece, qui ne feroit que d’entrer dans la rivière,
on ne croiroit jamais que ce fulfent les mêmes poiffons, à moins
que d’être affiné de l’extrême changement qui fe fait en eux. Le feul
poilfon appellé Gorboucha ne devient point rouge ; mais il perd fa
couleur argentée meurt.
On ne peut s’empêcher de dire ici avec quel emprelTement tous les
poilTons dont nous venons de parler, & fur-tout le Gorboucha, remontent
les rivieres. Quand ils rencontrent quelques endroits où le
, courant eft rapide, celui d’entre eux qui n’a point alfez de force,
lutte quelque tems contre les flots, en tâchant de gagner quelques
places peu profondes où l’eau foit moins rapide : mais fi fes forces ne
lui permettent point de le faire, il faifit avec fês dents la queue d’un
poilfon plus fort que lui, & franchit avec ce fecours l’endroit rapide i
aulfi attrappe-t-on peu de poiifons qui n’aient la queue mordue. On
peut jouir de ce fpeétacle depuis qu’ils commencent à remonter les
rivieres, jufqu a 1 automne. Ceux d entre eux à qui les forces manquent
tout-a-fait pour aller plus loin, vont plutôt expirer, lemufeai#
enfoncé fur le rivage, que de retourner dans la mer.
Le Saumon, qui eft rangé dans la claflè des poiflbns qui vont par
bandes, remonte dans les rivieres dé Kompanowa & Brioumkinà,
& même dans celle d'Itcha, comme on l’a déjà dit ; mais je n’y en
ai jamais vu, quoique je l’aie fouvent entendu dire. M.Steller écrit
que, lorfque les jeunes poiifons de cette efpece retournent à la mer ,
il arrive quelquefois que pendant une tempête violente ils perdent
l’embouchure de leurs rivieres, & en remontent une autre l’année
fuivante r c’eft ce qui eft caufe qu’on trouve quelquefois dans certaines
rivieres une plus grande abondance de pillons qu’à l’ordinaire
, & qu’on eft fix & même dix années fansen revoir dans celles
dont ils ont perdu l’embouchure, jufqu’à ce qu’un même accident
hs y rejette. Mais fi, ajoute-t-il, quelqu’un prétend au contraire
que chaque année les- tempêtes fréquentes de l’automne doivent