après avoir tiré de l'habitation d’Hiver des provifions, en font la
diftribution, c’eft-à-dire en lailfent dans des endroits convenables
une certaine quantité, afin de n’être pas expofés à en manquer à leur
retour.
Ces Chaffeurs, en revenant avec leurs provifions, vifitent comme
les premiers, tous les endroits où font tendus les pièges ; après quoi
ils laiffonr de dix haltes en dix haltes, une partie de leurs provi-
iions ; & après les avoir toutes diftribuées, ils viennent rejoindre
leur conduéteur.
Après leur retour, les chefs des Bandes reviennent eux-mêmes
de la chaffe, & dans leur route ils vont examiner tous les pié-
ges qu’ils ont dreffés en allant en avant. Ils les bouchent, afin que
pendant l’Eté les Zibelines ne s’y prennent pas. Ils ramaffent aufli
les troncs de bois dans lefquels ceux qui ont été envoyés pour
chercher les provifions & pour les diitribuer dans les haltes,
ont caché les peaux de Zibelines ; c’eft à quoi fe bornent leurs
fonctions.
Dans le temps qu’ils font à la chaffe , pour faire cuire du pain,'
ils ôtent la neige jufqu a la fuperficie de la terre : ils laiffent un et
pace quarré d’une fagene, & même davantage ; ils y placent quatre
poutres , fur lefquelles ils mettent de la terre qu’ils battent pour
quelle tienne ; ils enfoncent enfuite des pieux aux quatre coins,$
ils. y font grand feu. Auffi-tôt que ce plancher eft échauffé, ils retirent
tous les tifons& les charbons ; enfuite après avoir nettoyé h
place avec un balai, ils y mettent leurs pains, 8c ils placent fur
ces petits poteaux ou pieux, le long des deux côtés du plancher,
des traverfes fur lefquelles ils pofent des tifons enflammés, afin que
leur pain cuife par-deffus.
.- Us ne font rien lés jours de fête, Si ne s’occupent ni delà chaffe,’
ni: d’aucun travail ; il faut en excepter ceux que l’on envoi?
chercher les provifions , ou en faire la diflribution j çar ceux-là
n’ont jamais de repos, & continuent toujours leur marche fans
s’arrêter.
Lorfqu’iîs font de retour dans l’habitation d’Hiver, ils yreftent
jufqu a ce que toutes les autres bandes s’y foient raffemblées.
Lorfque le principal çhef & toutes les bandes fe font raffem-
blés, les chefs de chaque troupe rendent compte au chef général
des Zibelines & des animaux qu’ils ont tués. Ils lui difent encore ce
que l’on a fait dans chaque bande contre fes ordres. Après l’examen
le chef les punit à proportion des fautes. Il en fait attacher quelques
uns à un poteau ; & tandis que les autres Chaffeurs prennent
leur repas, il faut qu’ils faluent tous les autres, en leur déclarant
leurs fautes, & qu’ils leur demandent pardon : il fait punir les autres
en ne leur donnant à manger que de la lie du Kwas. Ceux qui
font convaincus de vol, font battus rigoureufement, & loin de leur
donner quelque chofe pour leur part, on prend leurs propres hardes
que les autres partagent entr’eux, parce qu’ils penfent que leur vol ■£>
a beaucoup nui à leur chaffe , & que fans cela ils auraient pris une
quantité bien plus grande de Zibelines.
Ils demeurent dans l’habitation d’Hiver, jufqu a ce que les rivières
deviennent navigables, & en attendant ils préparent les peaux
des Zibelines qu’ils ont attrapées.
Dès que les rivieres font navigables, ils fe rembarquent fur les
mêmes bateaux ou canots dans lefquels ils font venus ; ils donnent
les Zibelines promifes aux Eglifes ou à Dieu; en remettent d’autres
au Tréfor Impérial, & vendent le refte. Us partagent entr’eux avec
égalité l’argent qui en provient. Us ont la liberté de partager entre
eux, fuivant l’accord qu’ils ont fait, les autres Bêtes, comme Ecureuils,
Hermines, Ours&Renards qui ont été pris pendant la chaflè.
La chaffe des Zibelines chez les autres Peuples, différé peu de
celle que font les Ruffes : elle ne demande pas tant de préparatifs j
mais il y a aufli beaucoup de fuperftitions qui y font attachées.