le fuc qu’ils en tirent au Printemps ; enfuite ils s’enveloppent bien
la tête. Beaucoup de Kamtcbadals qui délirent avoir des enfants, ne
mangent point de cette herbe ni féche ni fraîche , dans la perfuafioij
où ils font qu’elle empêche la génération.
La plante Kiprei ( i ) , qui croît dans toute l’Europe & l'Aile,
tient la troilxeme place dans le nombre des plantes qui fervent a la
nourriture des Kamtchadals ; ils font cuire avec elle le poiifon & la
viande, & fefervent de fes feuilles vertes au-lieu de thé ; maisfon
utilité principale conlifte dans la moelle de fa tige. Ils fçparent la
tige en deux, la raclent avec des coquilles , Si ils en font des pa.
quets qu’ils mettent fécher au Soleil. Elle eft alors d’un goût fort
agréable , qui reffemble un peu aux cornichons féchés des Kal-
mouques. Les Kamtchadals s’en fervent dans tous leurs mets, &
lorfqu’elle eft fraîche , ils la mangent au deffert comme des confitures.
Cette plante fait une boiffon fort agréable & nourriifante ; c’eft
une efpece de Kwas aulïi bon qu'on le puiife defirer. On en fait
aufli du vinaigre très fort, en faifant bouillir, fix livres de Kiprei
fec avec un poude d’herbe douce ( i) , & les lailfant fermenter a
l’ordinaire.
L ’eau-de-vie même eft plus abondante & meilleure, lorfque 1 on
fait diftiller de l’herbe douce dans une infufion de Kiprei ou d’Epij .
lobium , au-lieu d’eau.
I.es Kamtchadals guériifent le nombril des enfants qui viennent
de naître avec cette herbe , qu’ils mâchent & qu’ils mêlent avec fie
la falive. S on écorce broyée avec la tige coupée en petits morceaux,
leur tient lieu de thé v e r t , avec lequel elle a quelque reffemblance
pour le goût. Les Kouriles fe fervent a u fli, pour le même ufagé,
( i) Epilobium. Linn. Suec. fp. i,
S^hqndilium. v pag. 36^. ,
d’un arbrilTeau ( i ) dont les fleurs reflëmblent à celles du fraifier :
elles font jaunâtres, & if ne porte point de fruit. On l’appelle thé
des Kouriles ; fa vertu aftringente le rend très utile dans les dyffen-
teries & dans les tranchées.
Le Tchéremcha (i), ou l’ail fauvage eft regardé non-feulement
comme une plante néceflàire à la nourriture , mais encore à la médecine.
Les Rufles & les Kamtchadals en amaffent une fort Ogrande
quantité ; & après l’avoir coupée en petits morceaux & fait fécher
au Soleil, ils la confervent pour l’Hiver ; & dans cette faifon ils la
font cuire dans l’eau. Après l’avoir fait fomenter quelque-temps, ils
en font une efpece de mets qu’ils appellent SchamL, & qu’ils mangent
comme nos ragoûts (3 ). Cette plante eft un remede aufli
efficace .contre le fcorbut, que les fommités de Cedres. En effet,
fies que cette herbe fort de deffous la neige , ils ne redoutent
plus cette maladie. Les Cofaques qui dans la première expédition
du Kamtchatka, étoient employés à la conftruétion du Bot Ga-
hnel, fous les ordres de M, Spanberg, m’en ont dit des chofes bien
extraordinaires. L ’humidité continuelle de ce Pays fut caufe qu’ils
furent attaqués du fcorbut ’avec tant de violence, qu’ils étoient hors
d’état de travailler. Lorfque la neige fe fondit, & que cette plante
parut, ils en mangèrent avec avidité ; mais ils furent enfuite lî couverts
de gale & de puftules , que M. Spanberg leur Capitaine crut
qu’ils étoient tous infectés de maux vénériens 3 cependant au bout
de quinze jours il vit que les croûtes étoient féçhes, & qu’ils étoient
parfaitement guéris.
On doit encore mettre au nombre des plantes qui fervent à la
(1) Potçndlla caule ftuclicofo. Linn. Cliff. 193.
(i) Àllium foliis tadicalibus petiolatis floribus umbellatis. Gnael. Flo. Sib. tome 1*
Pag* 49- ;
(3) Mélange de Choux 9 d’Oignons, de Kwas , & quelquefois de Poiflons, de CpriU-*
pons & de pieds de Cochons, Ce ragoût fe mange froid,
Tomç II. A a a