nua point de chauffer la ,chambre, qu’il n’eût promis de lui donna
.ce qu’il defiroit.
Ce traitement fut on ne peut pas plus agréable à ce Kamtchada‘1;
31 jura que dans fa vie, il n’avoir jamais reflènti une chaleur plus
grande, & qu’il n’avoir jamais cru que les Cofaques puffent traiter
fi bien leurs Convives. Loin d’être façhé de la perte de fa peau de
Renard, qu’il regardoit comme un tréfor, il exalta l’amitié de ee
•Cofaque à tous fes compagnons, & vanta ce repas .comme le meil.
leur & le plus honorable traitement qu’on pût lui faire, en leur di»
fant que les Kamtchadals ne fa voient point traiter leurs Convives,
en comparaifon des Ruifes. J’ai fu ce fait du Cofaque même & d.e?
autres foldats de cet Oftrog , qui s’en amuferent beaucoup.
C H A P I T R E X V I .
De ta maniéré dont ils recherchent les Filles qu’ils veulent époufer,.
& de leurs mariages*
L o k s q ü ’u n Kamtchadal veut fe marier', il choifit fa Future ;.
Ordinairement dans une autre habitation que la fienne. Il s’y tranf—
porte pour y demeurer, & après avoir déclaré fon intention au-
pere ou à la mere de fa Maitrefle, il travaille chez eux pendant quelque
temps, pour leur faire voir fon adrelfe & fon aétivké. Il ferc
tous ceux de la maifon, avec plus de foin & d’empreifement, que-
ne ferait un fimple domeftique, & principalement fon beau-perè, ■
là belle-mere & fa Future ; il demande enfuite lapërmiffion de'
la toucher. Si fes fervices ont plû au pere, à la mere , aux parents
& à fa Maîtreife elle-même, on lui accorde fa demande. Mais*
s’il n’a pas le bonheur déplaire , ou fes fervices font entièrement:
perdus , ou on le congédie avec quelque récompeniè. Quelquefois
ces amoureux vont habiter & fervir dans quelque Oftrag étranger
fans déclarer leurs intentions, & quoiqu’il foie aifé de les re-
connoître par les fervicesqu ils rendent, perfonne ne leur en parle,,
jùfqua ce qu’ils les fâlfent connoître au pere &. à-la mere de la fille;
qu’ils recherchent en mariage..
Lorfque 1; Amoureux a obtenu la permiffion de toucher'fa Mal—
»elfe, il guette l’occafion de fe jetter fur elle quand il y a peu de;
monde, ce qui n’eft pas aifé, parce que la fille eft alors fous la garde-
des femmes de l’Oftrog , qüi ne la quittent’que rarement-D’ail—
lèursdans le temps que le Prétendant peut la toucher, elle eftfrevêtue'
de deux ou trois caleçons avec des camifoles, & tellement entortillée;
& enveloppee defilets & de courroiesqu’elle ne peut pas fe remuer,,