de parler , mais qui font iituées plus au Nord , & fur-tout de Tille
Bering, qui préfentement eft lî connue des Kamtchadals, que plu-
fieurs d’entr eux y vont pour attraper des Caftors marins & d’autres
animaux.
L ’ifle Bering s’étend entre le cinquante-cinquieme & le foixan-
tieme degré de latitude du Sud-Oueft au Nord-Oueft. Son extrémité
au Nord-Eft, qui eft prefque iituée vis-à-vis l’embouchure de
la riviere de Kamtchatka, eft éloignée d’environ deux degrés des
côtes orientales du Kamtchatka, & celle qui eft au Sud-Eft à-peu-
près de trois degrés du Cap Kronotskoi. Cette ille a cent foixante-
cinq werfts de longueur ; mais fa largeur eft inégale.
Elle a trois à quatre werfts de largeur depuis l’extrémité ou la pointe
qui eft au Sud-Eft , jufqua un roc très efcarpé & inacceffible,
qui eft éloigné de quatorze werfts. Depuis ce roc jufqua la baie
Sipoutcha, fa largeur eft de cinq werfts. Depuis la baie Sipoutcha,
jufqua un autre rocher appellé roc des Cafiors, fa largeur eft de iix
werfts ; près de la petite riviere Kitovaia ( Riviere des Baleines),
elle eft de cinq werfts ; 8c de-là elle s’élargit à mefure que l oti
avance. Sa plus grande largeur eft vis-à-vis le Cap Severnoi ou
Cap du Nord, 8c elle eft dans cqt endroit de vingt-trois werfts, Ce
Cap eft éloigné de la pointe dont nous avons parlé, de cent quinze
werfts. On peut dire, en général, que la longueur de cette iile eft
fi peu proportionnée avec fa largeur, que notre Auteur doute qu’il
puilfe y en avoir de pareille dans l’univers; il avoue du moins qu’il
n’a jamais vu ni entendu parler de rien de femblable : il ajoute
que les ifles qu’ils apperqurenr aux environs de l’Amérique, &
toutes celles qui font lîtuées à l’E ft, ont à-peu-près la même pro-,
portion.
Cette ille eft compofée d’une chaîne de montagnes féparée par
quantité de vallées profondes qui s’étendent vers le Nord & Îe Sud.
Les montagnes qu’on y trouve font fi élevées, que Ton peut les appercevoir
par un temps ferein, lorfqu’on eft prefque à moitié chemin
de la diftance qui lepare cette ille du Kamtchatka.
Les Kamtchadals étoient dans l’opinion depuis bien des années,
que vis-à-vis l’embouchure de la riviere de Kamtchatka, il devoit y
avoir une terre, parce qu’ils appercevoient toujours des brouillards
de ce côté-là, quelque clair, & quelque pur que fûtl’horifon.
Les montagnes les plus élevées de cette ille, n’ont que deux
werfts de hauteur, mefurées en ligne perpendiculaire ; leur fummet
eft couvert d’un demi-pied de terre glaife , commune 8c jaunâtre ;
d’ailleurs les rochers qui la compofent, font de même couleur. La
principale chaîne de ces montagnes eft ferrée & continue , & les
montagnes qui font à côté font entrecoupées par des vallées dans
lefquelles coulent de petits ruilfeaux qui vont fe jetter dans la mer
des deux côtés de Tille. On a remarqué que les embouchures de tous
ces ruilfeaux font au Midi ou au Nord , & qu’à commencer de leurs
fources, ils prennent leurs cours du côté du Sud-Eft ou du Nord-
Eft , c’eft-à-dire le long de l’ille.
On ne trouve point de plaines aux environs de la chaîne principale
, excepté vers les côtes dont les montagnes ibnt un peu éloignées
; encore ces plaines ne font-elles que d’une demi-verft ou
d’une werft. Une chofe remarquable , c’eft qu’il y a de ces plaines
près de chaque petite riviere, avec cette différence que plus
les Promontoires ou Caps font bas du côté de la mer , plus les
plaines qu’on trouve derrière font étendues ; 8c que plus ces Promontoires
font efcarpés, plus les plaines font relTerrées. On remarque
la même chofe dans les vallées, lorfqu’elles font entre de
hautes montagnes ; elles font plus reflerréës , & les ruilfeaux qui y
coulent plus petits : c’eft tout le contraire dans celles qui font entre
des montagnes qui ont peu de hauteur ; car où les montagnes
qui forment la chaîne principale font efcarpées 8c hérilfées de rocs ,
<m remarque qu’il s’y trouve toujours à une werft ou demi-werft
P p ij