C H A P I T R E V.
Des Métanx & des Minéraux,
u o i q u e le Cap Je Kamtchatka foit montagneux, & que
conféquemment ce ne foit pas fans quelque fondement qu’on peut
fe flatter d’y trouver divers métaux & minéraux , & fur-tout ceux
qui font néceflàires à l’ufagede la vie, comme le fer,le cuivre, dont
il y a une grande quantité dans toute la Sibérie ; cependant ou
n’en a point découvert jufqu’ici. Au reite on ne peut pas pour cela
aflurer qu’il n’y ait point de mines au Kamtchatka ; car i°. les Habitants
de ce Pays n’ont pas la moindre connoiflànce pour travailler
à ces découvertes.
i°. Lès Ruflès qui habitent le Kamtchatka s’embarraflènt peu de
cultiver la terre , & encore moins de chercher des minés , patce
qu’ils reçoivent une fi grande quantité d’uftenfiles de fer ou de cuivre
, Si des chofes néceflàires à l’ufage de la vie , que non-feulement
ils en ont aflèz pour leur ufage ; mais qu’ils trouvent un grand
profit à en fournir aux Kouriles &c aux Kamtchadals , auxquels ils
les vendent deux fois au-delà de leur prix 1 & même quelquefoi
encore davantage.
3°. La difficulté de pourvoir a fà fbbfiftance, ne permet à per-
fonne de chercher à découvrir des mines, ou de creufer la terre pour
en retirer des métaux.
4°. Les lieux où fe trouvent les mines font ordinairement de difficile
accès, & dans quelques endroits prefque impraticables r ajoutez
à cela que les mauvaifes faifons & les tempêtes ne mettent pas
peu d’obftacles à leur exploitation. Car pour exécuter une pareille
entreprife, il faudroit faire porter à dos par des hommes tout ce qui
feroit néceflaire à leur fubfiftance, parce que pendant l’Eté on ne
peut fefervir de chiens , comme on l’a déjà dit plus haut. Cependant
malgré cela, on ne doit point defefpérer de découvrir quelq
u e s jours des mines au Kamtchatka, filon veutfe donner la peine
de les chercher.
On a trouvé une mine de cuivre aux environs du lac Koiiril &
de 1a baie Girowaia. On a remarqué du fable mêlé de fer fur les
bords de plufieurs lacs & petites rivieres ; ce qui donne lieu de croire
qu’il y a dès mines dans lés montagnes d’où fortent ces lacs Se ces rivières;
On ramaflè du foufre naturel dans les environs des rivieres
Cambalina, O^ernaia & du Cap Kronotskoi. Le meilleur & le plus
tranfparent vient d’Olioutor, d’où il découle des rochers ; & ce fou-
frefe trouve prefque par-tout dans les pyrites qui font aux environs
delà mer.
Voici quelles font les efpeces de terres communes. La craie blanche
fe voit en grande quantité aux environs du lac Kouril. Le tripoli
& l’ocre rouge fe trouvent le long de.Bolchaia Reha ( la grande
Riviere ) ,'& aux environs des petites habitations Natchikin &
Koutchenitchew. On trouve auprès des fources chaudes , une terre'
de couleur de pourpre , mais rarement de l’ocre ordinaire qui eft en
pierre. On voit encore fur les montagnes , mais aflèz rarement, de
petits morceaux d’une efpece de criftal de couleur de cerife , & aux
environs de la riviere de Charioufewa de grands morceaux d’une autre
efpece de criftal ou de verre d’une couleur verte , femblable au
verrecommun, dont les Habitants faifoient autrefois des couteaux,
des haches , des lancettes & des dards. Les Ruflès l’appellent verre
naturel, & les Kamtchadals de la Bolchaià Reka Nanag ; ceux de.
Chantai inférieur, Laatch ; ceux deTigil, T%e{ouning. On en trouve
auffi aux environs d’Ekatérinbourg dans les mines de cuivre, & on
lui donne le nom de Topafe. Il s’en eft vu de pareil près de la riviere
Çharioujcnva, qui s’étoit formé fur un rocher.