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 core pour conferver les peaux  de  Zibelines, afin quelles ne changent  
 point de couleur ; car on a remarqué que les Zibelines fe con-  
 fervent  plus long-temps, lorfqu’on les  enferme dans des  peaux de  
 Loutres. 
 Des  Veaux  marins. 
 Il y a une quantité infinie de  Veaux  marins  dans  les mers  de  
 Kamtchatka  ,  & fur-tout lorfque les PoifTons remontent les  rivières  
 ; car alors ils les fuivent par bande : ils ne s’arrêtent pas aux embouchures  
 des rivières ; mais ils les remontent fort haut en fi grand  
 nombre,qu’il n’y a pas une feule petite Iile voifine de la mer, dont  
 le rivage ne  foit couvert de  ces  animaux ;  de  forte qu’avec  les canots  
 de ce Pays, on  ne fauroit approcher de ces  lieux  fans courir  
 beaucoup de rifque; car lorfque les Veaux marins voient un canot,  
 ils s’élancent avec impétuofité dans l’eau , &  foulevenr  des  vagues  
 lî terribles, qu’il eft prefque impoifible que  le  canot ne  foit point  
 fubmergé. Rien  ne paroît plus defagréable pour quelqu’un qui n’y  
 eft point accoutumé, que le rugiflement  de ces  animaux , qui  eft  
 continuel Si  fort extraordinaire. 
 On remarque quatre efpeces de ces animaux  la plus grande efpece  
 eftappellée par les Habitants de ce Pays Lakhtak. On les prend  
 depuis le cinquante-fixieme  jufqu’au  foixante-quatrieme  degré de  
 latitude dans la mer de Pengina &  dans  la mer Orientale  : elle ne  
 différé des autres que par la feule groffeur,  qui égaie celle  du  plus  
 gros Boeuf. 
 La  fécondé efpece eft  de  la groffeur  d’un Boeuf  d’un  an  r  ces  
 Veaux marins  font de différentes couleurs : leur peau eft fèmblabfe  
 à celle des Tigres ; leur dos eft parfemé de taches rondes  &  d’égale  
 grandeur : leur ventre eft d’un blanc jaunâtre  : tous leurs petits font  
 blancs comme la neige. 
 Là tfoifièfnë  efpece, plus petite que  les précédentes, à  la  peau  
 de couleur jaunâtre, avec un grand cercle de couleur de Cerifes, qui  
 en occupe prefque la moitié de la  furface  :  cette  efpece  fe  trouve  
 dans  l’Océan.  On  n’en  a  pas  encore  remarqué  dans la  mer  de  
 Pengina.  : 
 La quatrième efpece  fe trouve dans les grands lacs de  Baikal  Si  
 d’Oron.  Ces  derniers  font  de  la même groffeur que  ceux  d’Ar-  
 changel :  leur peau eft blanchâtre. 
 Tous ces animaux  font  fort vivaces.  J’en  ai  vu moi-meme  un  
 que  l’on avoit  pris  à  l’hameqon dans l’embouchure de la Bolchaia  
 Rekaj  s’élancer  avec  autant d’impétuofité que  de  fureur  fur  nos  
 gens,  quoique fon crâne fut déjà brifé en plufieurs  morceaux.  Je  
 remarquai encore que dès qu’on l’eut tiré de l’eau  fur  le  rivage,  il  
 s'efforça de  s’enfuir  dans  la  riviere ;  mais  voyant  que  cela ne  lui  
 étoit pas poffible,  il commença à pleurer  ; Si lotfqu’enfuite  on  fe  
 mit à le frapper , il entra dans la plus grande fureur. 
 Les Veaux marins ne s’éloignent jamais de  plus de trente milles  
 delà côte; &ainfi lorfque les Navigateurs les apperçoiveht, ils doivent  
 penfëf qu’ils ne font pas loin de la terre. On a trouvé au Kamtchatka  
 un Veau marin qui, fuivant ce que dit M. Steller, avoit été  
 bleffé dansd’Iile Bering, Ce qui fit connoître la diftance qu’il y a en-;  
 tre cette Iile & le Kamtchatka. 
 Ces animaux  fe tiennent dans la ffief,  aux environs des  golfes,  
 des rivieres les plus grandes & les plus poiffonneufes.  Us remontent  
 les rivieres pour fuivre les Poiffons, l’efpace de quatre-vingts werfts.  
 Ils s’accouplent fur la glace pendant le Printemps, dans le mois d’A .  
 Vtil, Si  quelquefois auffi  fur la terre Si  fur la mer, lorfque le temps  
 eft calme, de la même maniéré que les hommes, Si non pas comme  
 les chiens, ainfi que l’ont prétendu beaucoup  d’Ecrivains.  Les  femelles  
 ne font ordinairement qu’un petit à la fois, Si  elles lenourrif-  
 fent avec deux de leurs mammelles. Les T  oungoufes donnent à leurs