44 H f s t ô i k é
1 huile de Veau marin, elles s’en frottent les joues, qui deviennétîe
d une couleur vermeille : elles fe parent, principalement pendant 1 Hiver, lorfqu elles reçoivent des vilîtes ou qu’elles en rendent. Sr
elles voient paroître un Etranger tt toutes courent fe laver, mettife
du blanc, du rouge, & fe parer de leurs plus beaux habits.
Un Kamtchadal ne peut s’habiller, avec fa Famille, à moins de
Cent roubles ( ou jo o Iiv. de France) : une paire de bas de laine
quon vend ici ( a Saint-Petersbourg) vingt fois, Vaut un rouble
{ ou j liv. de France ) au Kamtchatka, & le refte à proportion.
Les Kouriles font plus en état défaire de k dépenfe en habille-
mentsque les Kamtchadals, parce qu'avec un feul Caftor marin
qui fe vend au Kamtchatka même , depuis quinze jufqu a quarante
roubles, ils peuvent avoir autant de marchandifes qu’un Kamtchadal
avec vingt Renards; & un Kourile attrape plus facilement
tin Caftor marin, qu’un Kamtchadal ne prend cinq Renards. Le
plus habile ChafTeur decette derniere Nation peut à peine tuer dix
Renards dans un Hiver, & un Kourile, même dans une mauvaifo
année, prend au moins trois Caftors, outre ceux que la Mer jerae’
fur le rivage , dans les tempêtes-
C H A P I T R E V I I I ,
î) e la nourriture & de la boijjon des Kamtchadals, ô de la manière
de les préparer.
L A nourriture des Kamtchadals coniifte en racines, poiifons &
animaux marins ; on en donnera la defcription ailleurs : je me borderai
a parler ici de la maniéré dont ils apprêtent leurs aliments. Je
Commencerai par les poiifons , qui leur tiennent lieu de pain. Ils
font ce principal aliment, appellé loukola , de différents poiifons
de l’efpece du faumon. Ils découpent chaque poiffon en iîx parties ; ils
fufpendent à l’air les côtes avec la queue pour les faire fécher, & c’eft
Ce poiffon fec qu’ils appellent proprement loukola. Ils préparent le
dos & le ventre d'une façon différente, & les font ordinairement fé-
Cher à la fumée. Us mettent pourrir les têtes dans des foffes, jüiqu’à
ce que les cartilages deviennent rouges ; alors ils les mangent en
guife de poiifons falés : ce mets eft poür eux très agréable , quoique
l’odeur n’en foit pas fupportable pour un Etranger. Us ôtent enfuite
lés chairs qui relient encore fur les arrêtes , ils les mettent en paquets
, les font fécher, & les pilent Iorfqu’ils veulent s’en fervir : ils
font auflî "fécher les greffes arrêtes pour en nourrir leurs Chiens ;
ceft ainfi que ces différents Peuples préparent le loukola, & ils le
mangent fec pouf l’ordinaife. Les Kamtchadals l’appellent dans
leur langue Zaal.
Lé fécond mets favori de ces Peuples eft le Caviar, Ou les oeufs
de poiifons : ils les préparent de trois maniérés différentes : ils les
font fecher a 1 air, ou bien ils les dépouillent de la membrane qui les
enveloppe comme un fao, & les étendent fur Un gazon pour les faire
llü