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écrit M. Steller (i). ( Ktma-Itelaka/a fignifie j’habite | ; Men fignï-
fie un homme, & Ma \tdafan, où demeure-t-il ? L’origine de ces
mots, fuivant M. Steller, eft reftée dans la Langue des Kamtcha-
dals qui habitent entre les Rivieres Nemlik & Morochetchnaïa. Ils-
appellent Sa Majefté Koatch-aerem, c'eft-à-dire ,* Prince brillant
comme le Soleil, fans aucune difiinction de genre. Dans leur Langue
'Koatch fignifie Soleil, & le mot Aerem fignifie Majefté, Seigneur ,
Prince. Ils appellent en général les RuiTes Brichtatin , ou gens de
feu, à caufe de leurs armes à feu. Comme ils ne connoiffent point
ces armes, & qu’ils n’ont aucune idée de leurs effets, ils s imaginent
que le feu eft produit par le fouffie des Ruffes, & non pas par le:
fufil. Dans leur Langue ils donnent aux Koriaques le nom de
Taouliougan, & aux Kouriles ceux de Kouchin & Kougin.
Les Kamtchadals ont h coutume particulière de donner à chaque
chofe un nom qui marque fa propriété ; & alors ils n’ont égard
qu’à quelque reffembtance du nom, & aux effets de la chofe. Mais
lorfqu’ils ne la connoiffent pas affez bien pour trouver auffi-tôt là
reffemblance des noms, ils en empruntent un de quelque Langue:
étrangère ; & ils le corrompent tellement, qu’il na plus aucun
rapport avec le véritable. Par exemple , ils appellent un Prêtre
Bogbog, vraifemblablement parce qu’ils lui entendent prononcer
fouvent le mot Bog, qui fignifie Dieu; un Médecin, Douêionas;
un Étudiant, Sokeinakcth. Ils nomment le pain Brichtatin- Augteh,
c’eft-à-dire , la Racine ou la Sarana- des hommes qui vomiffent du
feu ; un Diacre ou Clerc, Kt-anguitch, ceii-a-dire, un Canard
marin à la queue pointue , qui1, fuivant eux, chante comme un
(i) M. Steller étoit an favant Médecin Allemand, de l’Académie de Saint-Pétersbourg
, qiù accompagna les RufiTes dans-leur expédition^ vers les Côtes d Amérique en
1 7 4 ,1*! li a fait quantité d’obfervations fur la-Sibérie & le Kamtchatka. 11 mourut comme
il retournoit à> Saint-Pétersbourg. Il en eft beaucoup parlé dans 1$ Flora Sibérien de M*.
Gmelim
b l / K A M T C H A t K A . f
Diacre ; une Cloche, Kouk ; le Fer, Oatchou ; un Forgeron i Oafa*
kija ; un Matelot, Outchawfchinitak ; un Calfateur, Kaloupajan ;
du Thé , Sokofoch ; un Lieutenant-Colonel, qui étant chez eux
pour faire des informations, en fit pendre plufieurs,. Itachyachak ,
c’eft-à-dire, celui qui pend.
Les Koriaques à Rennes fe donnent le nom de Toumougoutou.
Ils appellent les Ruffes Melgitangi ; les Kamtchadals , Koitchaia.
Ils ne connoiffent point les Kouriles. Les Koriaques qui ne changent
point de demeure , s’appellent eux-mêmes Tchaoutchou : ils
nomment , auif» les ; Rnffes Melgitangi ; les Kamtchadals , N i-
mouilaga ; & les Kouriles, Kouinalai
Les Kouriles fe donnent le nom d’Ouiwout-Eeke. Ils appellent
ceux d’entr’eux qui ne paient point de tribut, & qui habitent les
Mes plus éloignées, Iaounkour ; les Ruffes, Sgifgan ; les Kamtchadals,
Aroutarounkour. Les Koriaques leur font inconnus.
La groifiéreté de Ces Nations , & l’ignorance des Interprètes
nous ont empêchés de nous éclaircir fur différents autres noms
dont nous ne donnons point la fignification. On doit remarquer
que nous n’appelions aucune de ces Nations par fon propre nom ,
& que nous nous fervons le plus fouvent de celui qui lui eft donné
par fes voifins , qui avoient été fournis auparavant par les Ruffes ,
en ajuftant les finales, & les accommodant un peu a la prononciation
des Ruffes. C ’eft de cette maniéré qtie nous appelions les
Kamtchadals en Langue Koriaque, parce que le terme Kamt-
chadal tire fon origine du mot Koriaque , Kontchaia , & le nom
Kourile , tire de même fon origine de Kamtchadal Kouchi.
Quoiqu’on n’ait aucune connoiffance certaine de l’origine du
nom Koriaque, cependant M. Steller remarque, avec affez de
vraifemblanee , que le mot Koriaki dérive de Kora, qui fignifie
une Renne. Les iCofaques en arrivant chez ces Peuples leur entendirent
fouvent répéter le mot Kora ; & voyant qu’ils faifoient con