de Lion marin, que tiennent d’autres Pêcheurs , après l’avoir entortillée
plufieurs fois autour d’un pieu pour l’arrêter. Lorfque cet
a n i m a l blefle prend la fuite, on l’attaque avec dé nouveaux harpons ;
on lui lance de loin des fléchés, & enfin lorfqu’il eft aux abois &
qu’il a perdu fes forces, on le tue avec des piques, ou on l’alTom-
me à coups de maifue. Lorfqu’ils le trouvent endormi fur mer,
ils lui tirent des fléchés empoifonnées , après quoi ils s’éloignent
au plus vite. Le Lion marin ne pouvant fupportef la douleur
que lui caufe l’eau de la mer qui entre dans la plaie, gagne la côte,
On l’y achevé, ou, fi le lieu n’eft pas propre pour cela , on le laifle
mourir de fa bleffure | ce qui arrive dans l’efpace de vingt-quatre
heures.
Cette çhaife eft fi honorable parmi ces Peuples, que l’on regarde
comme des Héros ceux qui en ont tué le plus : c’eft pour cette raifon
que plufieurs Kamtchadals s’y adonnent, autant dans la vue de fe
procurer de la chair de ces animaux qui paffe pour très délicate,
que pour acquérir de la gloire, malgré tous les dangers dont e l l e eft
accompagnée. Deux ou trois Lions marins chargent tellement le u rs
canots, qu’ils font prefque entièrement enfoncés dans l’eau ; c e p e n .
dant lorfque le temps eft calme , leuradreffe eft fi grande, q u ’ils
ne coulent point à fond , quoique l’eau foit quelquefois au n i v e a u
de leuts canots. C ’eft un deshonneur chez eux de jetter à la mer des
animaux que l’on vient de prendre, fût-on même dans le danger le
plus imminent, Cela fait que ces Pêcheurs font fouvent fubmerges,
lorfque la mer eft haute, & que les forces les abandonnant, i l s n e
peuvent plus Vuider l’eaü de leurs canots. Ils vont à cette p e c h e
dans de mauvaifes Baidares jufqu a trente & quarante werfts,
dans une ifledéferte nommée Alaide. Il arrive fouvent quêtant
■emportés par les mauvais temps , ils errent pendant trois, quatre,
& même huit jours fans bouffole , fouffrant toutes les horreurs
de la faim , fans voir ni la terre, ni aucune ifle. Maigre cd*
ils échappent à tous ces dangers, & reviennent chez eux, n’ayant
d’autres guides que la Lune & le Soleil,
La graiffe & la chair des Lions marins, font d’un goût fort agréa?
ble, & fur-tout les nageoires dont le goût approche de nos viandes
glacées. Leur graiffe n’eft pas fi onétueufe que celle des Baleines
& des Veaux marins ; mais elle eft ferme & différé peu de celle du
Chat marin, tant par l’odeur que par le goût. La graiffe des jeunes
Lions marins , à ce que prétendent quelques perfonnes , a plus de
goût que celle de mouton , & elle a quelque reffemblançe avec la
moelle ; d’autres , au contraire, difent que la chair & la graiffe de
tous ces animaux marins ont une odeur défagréable. Leur peau fert
à faire des courroies, des femelles & des fouliers.
Les mâles ont deux , trois & jufqu’à quatre femelles. Ils s’accouplent
dans les mois d’Août & de Septembre, de même que les
Chats marins. Les femelles portent environ neuf mois, puifqu’elles
font leurs petits vers le commencement de Juillet. Les mâles ont
toujours beaucoup de tendreffe pour leurs femelles, & n’agiffent
point avec elles auffi durement que font les Chats marins avec les
leurs. Ils font paraître une joie extrême quand elles leur font quelques
careffes ; ils mettent eux-mêmes tout en ufage pour leur plaire
& pour gagner leur affeéfion , en les flattant & en tournant autour
a elles. Les mâles & les femelles ont fi peu de foin de leurs petits,
que fouvent ils les étouffent en dormant, ou pendant qu’ils tettent.
Ils ne témoignent pas la moindre douleur en les voyant tuer. Ces
petits n’ont pas la gaieté & la vivacité des Chats marins, ils dorment
prefque toujours ; & même quand ils jouent en grimpant les
uns fitr les autres, il femble que ce foit fans plaifir. Sur le foir, les
maies & fes femelles, avec leurs petits , fe jettent à la mer& nagent
tranquillement fans s’éloigner des côtes. Lorfque les petits font fatigues
, ils grimpent & fe repofent fur le dos de leur mere. Celle-ci
Pigeant dans I eau, jette de deffus elle fes petits pareffeux pqur