pire de la Chine & qui s’avance vers le Sud-Sud-Oueft, eft féparé
du Cap de ce nom, ou de l’excrémité occidentale d’une des ifles d’Ie.
f i , & qu’il n’a que quinze werfts de largeur ; au-lieu que fi ces ifles
étoient fituées vers le Midi, comme on le d it, ce détroit feroit in-
comparablement plus large. Au refte il feroit à fouhaiter que la def-
cription que M. Spanberg nous a donnée des ifles Kouriles qui s’étendent
jufqu’au Japon, pût s’accorder avec celle de M. Muller;on
connoîtroit par-là au jufte non-feulement leur grandeur & la véri-
table fituation de chacune en particulier , mais encore la diftance
qu’il y a entr’elles ; au-lieu qu’à prefent on n’en peut juger que par
conjecture.
Des quatre ifles qui compofent la terre d'Ie fi, il n’y en a que
deux auxquelles M. Spanberg ait donné leurs noms propres, favoir;
Matmai & Kounachir. Il paroît que les ifles Itourpou & Ouroup
font indiquées fous les noms de Zelenoi & de TJîtronnoi , c’»ft-à-
dire IJle verte Sc IJle des Citrons ; &c comme toutes ces ifles, à l’exception
de Matmai , font fi bien connues qu’on n’ignore ni leur
grandeur, ni leur fituation , on ne peut pas douter j que le Cap
Tefloi ne foit l’extrémité Nord-Oueft de l’ifle Matmai, qui n’a pu
être apperçu par les Ruffes que du côté oriental du Japon ; & quoique
la fituation du Sud-Oueft au Nord-Eft, que M. Muller donne
à cette ifle dans fa relation, occafionne quelque doute ; cependant
on peut le diifiper en plaçant la pointe de l’ifle Matmai, qui eft la
plus voifine du Japon du côté de la Chine , du Sud-Eft au Nord-
Oueft , & ducôté des ifles Kouriles , depuis leSud-Oueft au Nord-
Eft, comme on le voit dans les Cartes Chinoifes, où l’on a omis
cependant de féparer les Ifles d’Iefi ; ce qui eft une erreur.
Le détroit qui eft entre l’ifle Matmai & le Japon, a , fuivant te
nouvelles Cartes, vingt werfts de largeur dans quelques endroits, &
dans d’autres beaucoup moins ; mais le commencement de 1 ifle “u
Japon ou de Niphon eft mis un peu au-delà du qo™2 degré de latitude.
Ce que l’on dit de la quantité de bois qui fe trouve dans>
| les ifles voifines du Japon, eft confirmé par M. Steller, qui dit,
en général, que plus les ifles font à l’Occident de l'Amérique, plus
elles font grandes, fertiles, abondantes en excellents fruits & en dif-
| férentes efpeces d’arbres, comme des citroniers, des limons, des
bambou ( i ), des roleaux d Eipagne , & des herbes venimeuiès dont
les racines font /aunes comme le fafran & greffes comme la rhubarbe.
Ces herbes Venimeufes font connues des Habitants de la
première ifle Kourile, qui les achetoient de ces Infulaires, &
s’en fervoient pour empoifonner leurs fléchés : ces ifles produi-
fent auifi des Vignes. M. Walt on, à fon retour du Japon I m'en
a fait goûter du vin, quil avoir pris chez quelqu’un des Habitants.
Il apporta auifi quelques Karakatitfi (z), qui font fort communs
dans cet endroit. M. Steller affure qu’il y a encore beaucoup d’au-
çres.efpeces de poiffons, ainlî quedes Hirondelles , des Aigles , des
Coucous & des Maquerelles. Il ajoute que l’Ifle de Kounachir eft
couverte de bois de pin , de larix & de fapin, mais qu’on y manque
de bonne eau ; qu’elle eft fangeufe & ferrugineufe ; qu’on y
voit une affez grande quantité de bêtes fauves, & fur-tout d’Ours ÿ
dont les peaux fervent aux Habitants à faire des habits avec lefquels
ils fe parent les jours de fêtes.
Les Habitants de cette ifle , à ce qu’il dit, portent de longs ha-:
billements d’étoffes de foie & de cotton ; ils laiffent croître leurs
barbes, & ils font très mal propres. Iis font leur nourriture de poif-
°ns & de graiffe de baleine ; leurs lits font de peaux de chevres fau-
vages appelles Moufimon (3 ), dont il y a une affez grande quantité
K1) Efpece de canne.
j1) marinus. Septième Tome des Commentaires nouveaux de FAcadémie.
3) Chevre ou Belier fauvage} ou ruri copra cornibus arietinis. Quatrième Tonie des
J nouveaux Gammçnfcùjea, Pline parle auiïi de cet animal * liv. XIY*