fer dans cet endroit pour aller au Port d’Okhotsk. Ce bras viene
fe jetter dans la riviere Okhota, trois werfts au-deffous de l’Oflrog.
Le lendemain matin nous arrivâmes au Port d’Okhotsk r il
rieft éloigné de l'ancien Oftrog que de fix werfts. Il y avoir alors
une Chapelle dédiée à notre Sauveur , une Chancellerie ou Mai-
fon de la Couronne, une Maifon pour le Gouverneur, & cinq logements
pour les- Habitants, quatre Maifons pour les- Officiers de
la Marine, fix autres logements & deux Cafernes ; mais depuis on
y a beaucoup ajouté.
Nous partîmes d’Iarmanka le 9 de Juillet 1737, & nous arrivâmes
â Okhotsk le 19 Août ; nous féjournâmes trois jours aupaflàge
Belskoi,. un jour dans le canton appellé Khoramas, deux jours à
Kapitan-Tarinun jour dans le canton appellé les petits Gar 't. En
tout , nous campâmes fept jours, & nous marchâmes pendant trente-
quatre.
On peut dire en général de cette route,qu’elle nefipas-ffiauvaife'
depuis Iakoutsk jufqu’au paflàge de la Bélaia j mais delà jufqusfc
Okhotsk, elle eft auffi incommode & auffi difficile qu’il foit poffi-
ble de le l’imaginer ; car il faut côtoyer continuellement des rivières
, ou paffer à travers des montagnes couvertes de bois. Les
bords des rivieres font remplis d'une fi grande quantité de grottes
pierres & de cailloux ronds, qu’il eft furprenant que les Che^
vaux puiffent marcher deffiis ; beaucoup s’y eftropient, Plus les
montagnes font hautes, plus elles font remplies de boue. On trouve
fur leur fomrnet des marais énormes, & des endroits couverts d- une
terre mouvante. Si un Cheval de fortune s’y enfonce , il n’y a nul
moyen de l’en tirer j & quand on marche, on ne peut voir qu’avec
la plus grande horreur la terre fe mouvoir comme les vagues, dix
fagenes autour de foi.
Le temps le plus propre pour ce voyage, eft depuis le Printemps
jufqu’au mois de Juillet. Si l’on attend jufque dans le mois d’Aoûr,
on court grand rifque d’être furpris par les neiges qui tombent de
très bonne heure dans les montagnes.
Nous reliâmes à Okhotsk jufqu au 4 O&obre de l’année 1 7 3 7 ,
en attendant que le Vaiflèau la Fortune, qui étoit revenu du Kamtchatka
le z 3 Août, fût radoubé & prêt à mettre à la voile.
Il y a cinq efpeces de Lamoutes fixes qui habitent dans le voifi-
nage d’Okhotsk 3 lavoir, Iwianskoi , Adginskoi, Cholganskoi,
Ouiairskoi, & Nouitchinskôi : ils font tous Tributaires.
Tchalik eft le Chef du Peuple Iwianskoi : il y a quatre La-
moutes qui payent tribut. Celui d Adginskoi eft gouverné par le
Chef Oundidedia-novitçh : il y a douze tributaires.
Le Peuple Cholganskoi eft gouverné par le Chef Kourouka : il
y a quatre tributaires. Le canton appellé Ouiairskoi eft gouverné
par le Chef Charigan : il y a trois tributaires. Le Nouitchins-
koi a pour Chef celui de Djoldoikour Bouinakow : il y a neuf
Tributaires.
Ces différents Lamoutes demeurent dans le voifinage d’O khotsk
, le long des rivieres Okhota, Kouktouia & le long de la
mer : ils fe nourriffent de poiffons, Ils payent une Zibeline & un
Renard par tête,
Il y a fept tribus de Lamoutes à Rennes qui viennent payer
leurs taxes à Okhotsk ; favoir, Ouiaganskoi , Gotbikanskoi, Ed.
jeganskoi, Dolganskoi & Koukouirskoi. Je n’ai pu favoir quels
étoient leurs Chefs, ni quel eft le nombre des tributaires, parce
qu’il n’y avoit alors aucun Lamoute à Rennes aux environs
d’Okhotsk.
Lorfque le Vaiffeau fut radoubé, le Commandant d’Okhotsk
donna ordre qu’on le chargeât ; ce qui fut exécuté le 4 Odobre.
Nous fortîmes à deux heures après midi de l’embouchure de la
riviere Okhota, & fur le foir nous perdîmes la terre de vûe ; mais
fur les onze hçurçs on s’apperçut que notre Bâtiment faifoit une
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