croît des rofeaux dans l’iile de Kitoui, dont on fait des fléchés.
Celle de Chimouchir eft plus grande que toutes lesifles précédentes;
elle eft fort peuplée. Ses Habitants font en tout femblables aux
Kouriles des trois premières ifles ; mais ils font indépendants. Les
Navigateurs qui furent envoyés, il y a dix fept ans, par Pierre le
Grand , apperçurent cette Ifle ; aucun Rufife n’avoit pénétré plus
loin avant la fécondé expédition du Kamtchatka.
L ’iile appellée Tchirpoui eft la dix-huitieme : elle eft fituée à
l’Oueft en face du détroit qui eft entre la dix-ieptieme & ladix-neu-
vieme : elle n eft point habitée ; mais les Infulaires de l’ifle précédente
& de celle qui fuit, y viennent pour prendre des Oifeaux
ou y coeuillir des racines : il y a une montagne fort élevée. Les
Habitants de Kitoui difent avoir entendu tirer du canon dans cette
ille, mais on ignore pour quelle raifon : ils ajoutent qu’il y eut dans
ce temps-là un Vaiffeau Japonois qui fit naufrage fur fes côtes, &
que les. Habitants de l’iile voifine rendirent les gens de cet équipage
aux Japonois, moyennant une rançon.
Le détroit qui fépare fifle de Chimouchir de la fuivante, appelle®
Itour pou, qui eft la dix-neuvieme, eft fi large qu’on ne peut apper-
cevoir une ifle de l'autre; mais de-là jufqu’à Ouroup, que l’on
compte pour la vingtième ; & de cette derniere jufqu a la vingt-
unieme , nommée Kounachir I les détroits font beaucoup moins
larges. La vingt-deuxieme & la derniere eft près du Japon , & les
Japonois l'appellent Marnai. On ne dit point dans la defcription de
M. Muller de quelle largeur eft le détroit qui eft entr’elle & 1 ifle
Kounachir ; mais il y a tout lieu de croire qu’il ne peut pas être.»«
étendu, fur-tout du côté du Couchant; j’en dirai plus bas la raifon.
L ’ifle Marnai eft la plus grande de toutes ; & après elle Kounachir
tient le fécond rang,* hourpou & Ouroup font auifi des ifles
confidérables, & même plus grandes que toutes celles dont: nous
avons parlé précédemment. Ces. quatre ifles, c’eft-à-dire, Matmat,
Kounachir, hourpou & Ouroup font toutes fort peuplées. Les Infulaires
d'Itourpou & d'Ouroup s’appellent Kikh-Kouriles : ils ont un
langage particulier, & ils reifemblent à ceux de l’ifle Kounachir ;
mais on ignore s’ils parlent la même langue, ou non ; on ne fait
pas non-plus s’il y a dans la langue des Kikh-Kouriles, quelque
conformité avec celle des Kouriles du Kamtchatka & des autres ifles
qui en font voifines.
Une chofe qui mérite d’être obferyée, c’eft que les Japonois appellent
tous les Habitants de ces quatre ifles du nom général â'Iefi ;
d’où l’on peut conclure que les Habitants de l’ifle Marnai font de
la même race que ceux des trois premières ifles, & que c’eft la même
langue que l’on parle dans ces quatre ifles ; ce qui peut auifi fervir
à corriger l’erreur des Géographes, qui ont donné le nom d'iejo à
une grande terre fituée au Nord-Eft près du Japon , tandis qu’elle
n’eft compofée que des ifles dont nous venons de parler ; cela d’ailleurs
s’accorde avec les relations que nous ont données les Hollan-
dois qui furent envoyés en 1643, pour reconnoître la terre d’Ie/o.
Ce furent les Habitants des ifles Itourpou & Ouroup qui commercèrent
autrefois pendant vingt-cinq ou trente années avec les Infulaires
des ifles voifines de Kamtchatka. Quelques-uns d’eux ayant
été faits prifonniers dans l’ifle de Poramoujir ôc conduits au Kamtchatka
, cela fut peut-être caufe que tout commerce & toute navigation
furent interrompus entre ces ifles. Aurefte,, ces Prifonniers furent
d’une grande utilité , en ce qu’ils fervirent à éclaircir & à rectifier
les relations que l’on avoit eues des Japonois ; 6c ils nous en
donnèrent même de nouvelles.
C’eft d’ eux qu’on a appris que ces Kikh-Kouriles qui habitent
les ifles hourpou ôi Ouroup , vivent dans une entiere indépendance.
Quant a l’ifle Matmai , on fait & par la relation des Voyageurs
Europens, & par le rapport des Japonois, que cette ifle eft
depuis long-temps fous la domination du Japon. Ils nous ont en-
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