On ne tire du Kamtchatka que des pelleteries ; lavoir des Caffors
marins, des Zibelines, des Renards & quelques Loutres. Comme
autrefois il n’y avoit point d’argent dans ce Pays, tous les marches
fe faifoient en fourrures. On achetoit par exemple des Marchan-
difès pour un Renard , qui étoit évalué a un rouble ; mais aujourd’hui
qu’ils commencent à en avoir T ce n eft plus a un rouble par
Renard que les marchés fefon t, mais fuivant le prix courant de ces.
fourrures , ou bien en argent comptant.
Toutes les Marchandifes qui fortent du Kamtchatka, payent a
Okhotsk un droit de dix pour cent, & les Zibelines, de douze pour
cent.
C H A P I T R E I X .
Des différentes routes pour aller d’Iakoutsk au Kamtchatka.
u o i q tf’ IL femble inutile de parler des différences routes qui
conduifent au Kamtchatka, parce qu’il y en a plufieurs qu’on a abandonnées,
Si qu’il fuffiroit d’indiquer celles qui font les plus fréquentées
; cependant les Leéteurs curieux ne feront peut-être pas fâchési
qu’on en parle ici : ce détail pourra fervir à faire connoître les différents
écabliffements des Ruffes ; quels font les Peuples tributaires de
chaque Oftrog ou Zîmovie : on y verra le nombre de troupes qu’on
envoie d’Iakoutsk; avec combien de difficulté & de lenteur les Col-
lecteursdes tributs devoient voyager dans ce Pays.En effet, lors même
qu’ils étoient affez heureux pour n’avoir rien à craindre de leurs ennemis
, il falloir qu’ils fe garantiffent de deux fléaux très redoutables
, je veux dire la faim & le froid , qui fouvent les faifoient périr.
On fait que les Cofaques ne vüyageoient que pendant l’Hiver :
ils n’avoient d’autres provilîons que celles qu’ils portoient avec eux
fur de petits traîneaux. Il leur falloir traverfer de vaftes déferts ou
régnent fouvent des ouragans affreux. Us étoient alors obligés d’y
féjourner plufieurs jours ; ils confommoient bientôt leurs provi-
fions 6c fe trouvoient réduits aux horreurs de la faim, à manger
leurs facoches de cuir, leurs courroies ôc leurs chauffures , & fu r-
tout leurs femelles qu’ils faifoient rôtir. Il paroît prefque incroyable
qu’un homme puiffe vivre dix ou onze jours fans manger ; c’eik
pourtant une chofe qui ne furprend perfonne dans ce Pays, puisque
parmi ceux qui ont fait ce voyage, il y en a peu qui n’aient été
expofés à cette cruelle extrémité.
On va d’Iakoutsk au Kamtchatka, en defcendant le long de la