lefquels cette nation va a la niort. Un d entr eux difoit en riant, qu il
étoit malheureux d’être le dernier qui devoit etre pendu, Ils temoi-
gnoient une égale fermeté au milieu des fupplices & des tortures les
plus affreufes de la queftion : quelque cruels que fuifent les tourments
qu’on leur fit fouffrir, ils ne laiffoient échapper que ces mots, ni,
n i, encore n ' é t o i t - c e qu’au premier coup ; car ferrant enfuite leur
langue contre leurs dents, ils gardoient un filence obftiné, comme
s’ils euifent été privés de tout fentiment ; & on ne pouvoitnrer d’eux
autre chofe que ce qu’ils avoient avoué de bonne volonté dans leur
première interrogation. - _
Depuis ce temps, la paix & Ja tranquillité furent rétablies au
Kamtchatka,. & il paroi? que cela doit être durable, çar l'Impératrice
Elifabeth Pétrowna y a fait différents établiffements fi fages,
que les habitants ne peuvent qu’en être très fatisfaits. On n exige
de chaque habitant qu’une peau d’animal quils tuent à la chaife,
c’eft-à-dire, un Renard, un Caftor marin, ou une Zibeline s ils
ne paient aucun autre tribut. Ce font leurs propres Chefs qui leur
rendent la juftice ; & qui connoiffent de toutes leurs affaires , excepté
des criminelles. Il eft défendu aux Çofaques, fous les peines
les plus féveres, d’.exiger d’eux le paiement dçs dettes qu ils avoient
contractées anciennement. Mais le plus grand avantage eft que
prefque tous, ont été convertis par des MiiTionnaires qui leur ont
f a i t embraffer la Religion Chrétienne. La piété & la clémence de
notre augufte Souveraine n’y ont pas peu contribué, en exemptanç
d'impôts pour, dix années tous les nouveau? bap.tifés. On a établi
des Ecoles dans prefque toutes les habitations, où l’on inftruit gratuitement
les enfants des Çofaques & ceux des Kamtchadals. Enfin
le Chriftianifme s eft répandu dans .cette contrée du côté du Nord
jufqu’aus; Koriaques, & au Midi jufqu’à la troifieme ifle des Kouriles
; & il y a tout lieu d’efpérer que les Koriaques même ne tarderons
pas à fuivre cet exemple : plufieurs d’entr’eux ont déjà reçu JaEoi
Çhrétiennî.
Chrétienne. Il étoit réfervé à notre augufte Souveraine d’opérer
cette efpece de miracle. Parmi les grandes a&ions qui l’immorta-
lifent, celle-ci fans doute doit tenir une place diftinguée. Ces peuples
étoient barbares, fauvages ; & lorfqu’on fit la conquête de ce
pays , il n’y en avoir peut-être pas cent qui euflènt reçu le baptême.
En très peu de temps, ils ont ouvert les yeux à la vérité, & ils rom
giflent aujourd’hui des erreur? & de la barbarie où ils écoient plongés
autrefois,
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ç H A P I T I I E y ,
JDe l état actuel des OJlrogs ou Forts du Kamtchatka, de leurf
avantages & dejavantages,
e s Ruflès ont cinq Oftrogs ou Forts au Kamtchatka j favoir,
Bolcheretskoi-Oftrog, Kamtchatskoi - Oftrog fupérieur , Kamt-
chatskoi inférieur, le Port S. Pierre & S. Paul ou Pétropawlowt,
S.koi, & celui de la riviere Tigil.
Rolcheretskoi-Oftrog eft fitué fur la rive feptentrionale de la
Holchaia Reka , entre les embouchures des rivières Bijlraia &
Goltfowka, à trentre-troi werfts de la mer de Pengina, Çe Fort eft
quarré, & a dix fagenes a chaque face. Il eft revêtu de paliifade?
du cote de 1 Eft & du Nord ; au Midi Si au Couchant il y a diffé,
rents bâtiments ; favoir, une maifon pour Je? tributs, une autre
pour les otages , & divers magafins. On y entre du côté du Couchant
par une trè? petjte porte. Il y avoir hors du Fort une Çhar
pelle dont on a fait une Eglifedédiée à S. Nicolas, & un logement
appartenant à l’Eglife. On compte environ .trente maifon? dans
les différentes Ifies, un cabaret, & un laboratoire où l’on diftille 4& 1 eau-de-vie. Il y a (juaranpe cinq Soldats & quatorze fils de Co-
'l'pmell. A a a a