caution, lès filets ne peuvent durer un Eté, moins à çaufe de l’ufage
qu’ils en font, que parce qu’ils ne favent pas bien préparer l’ortie :
en effet, ils ne font ni bouillir le fil, ni rouir l’ortie.
Je range au nombre des plantes médicinales, celles qui fuivent :
La première eft la plante Càiloun, qui croît dans les endroits
marécageux , aux environs de la riviere de Bolehaia Reka. Les na,
turels du Pays font de cette plante une décoétion dont ils fe fervent
pour faire venir les ulceres à fuppuration. Us croient que
cette décoétion excite la fueur & chaH'e toutes les mauvaifes humeurs
du corps,
Le Tchagban ( 1 ) croît abondamment dans tout ce Pays. Ott
en emploie la décoction contre l’enflure & la douleur des jambes,
LeKatanagtch ou Pianaia-trawa (a) n’eft pas fi fort au Kamtchatka
que dans les autres lieux de Sibérie, Les Kamtchadals l’emploient
çn décocfion contre les maladies vénériennes , mais lâns aucun effet,
Us font bouillir avec de l’Herbe douce, la plante appellée Chêne
marin ( ; ) , que la mer jette fur les côtes , & ils en boivent la dé-
coétion pour arrêter la dyffenterie.
La Framboife marine rappée fort menue, eft employée pour
délivrer les femmes en travail.-
Il y a encore une plante marine appellée Iakhanga (4), que la mer
jette fur les côtes de Kourilskaia Lopatka, ou pointe méridionale
du Cap fle Kamtchatka : elle reffemble aux fanons ou barbes de Baleine.
Les Kouriles la font infufer dans de l’eau froide, & ils la hfii-
vent contre les grandes douleurs de coliques & les tranchées.
La plante appellée Orneg ou Çiguè aquatique ( j ) , croît aux en(
1) D ry as. Linij.
(1) Andromeda foliis ovatis yenqfis. Gmel. Sib. Romarin fauvage.
(3) Quercus marina.
(4) Species fuci.
1$) Ot^ycctica*^
yjrons
virons des rivières & dans le voifinage de la mer. Cette plante eft
un de leurs remedes les plus efficaces contre les douleurs de reins.
Voici comme ils s'en fervent. Us font chauffer leur Iourte le plus
qu’il leur eft poflible , afin que le malade foit plus vîte en fueur :
alors on lui frotte le dos avec cette plante, en prenant toutes fortes
de précautions pour ne point toucher à la ceinture des reins ; car fi
l’on y touchait, le malade ne tarderoit pas à en mourir. Au refte ce
remede les foulage.
On doit faire mention ici de la racine appellée Zgate ( 1 ), & chez
nous Lioutik, dont les effets & l’ufage font connus non-feulement
aux Kamtchadals, mais aux Koriaques , aux Ioukagires & aux
Tchouktchi. Tous ces Sauvages trempent leurs fléchés dans le jus
de la racine pilée de cette plante ; les bleffures en font incurables ,
elles deviennent fur-le-champ livides ; la chair s’enfle autour de la
plaie, & au bout de deux jours, le malade en meurt infailliblement
, à moins qu’on ne tire le poifon en fuqant la plaie. Les plus
grandes Baleines & les Lions marins qui ont été même légèrement
bleffés de ces fléchés empoifonnées, ne peuvent plus refter
long-temps dans la mer; ils fe jettent avec des mugiflèments effroyables
fur la côte, & ils périffent dans les plus vives douleurs.
, (1) Anemoides £ ranunculuç.
lome Ih