enfants du lait de ces animaux, au-lieu de médicaments. Le cri des
Veaux marins eft femblable au bruit que fait entendre une perfonne
qui fait des efforts pour vomir. Les jeunes foupirent comme des gens
qui fouffrent & qui fe plaignent. Dans la baffe marée, ils relient à
fec fur les rochers, & jouent en fe pouffant les uns & les autres dans
l’eau. Lorfqu’ils font en colere, ils s’entremordent cruellement : au
refte ils font rufés , timides & très agiles , eu égard à la proportion
de leurs membres. Us dorment d’un fommeil très profond, & lorf-
qu’on les réveille, ils font faifis d’une frayeur exceffive ; & en fuyant
ils vomiffent devant eux pour rendre le chemin plus gliifant.Ce
qu’ils vomiffent eft de l’eau de mer, & non pas une efpece de petit
lait, comme plufieurs le prétendent, en l’indiquant même pour un
remede. Us ne peuvent marcher fur terre , qu’en s’accrochant avec
leurs pieds de devant Si en courbant en cercle leur corps ; c’eft de
çette même manière qu’ils montent fur les rochers.
Maniérés de prendre les Veaux marins.
Il y a différentes maniérés de les prendre.
i ° . Dans les rivieres Si dans les lacs, on les tue à coups de carabine
; mais il faut les frapper à la tête, car vingt balles même ne peuvent
leur faire aucun mal dans un autre endroit, parce que la balle
s’arrête dans la graiffe. Je ne puis croire ce que difent quelques per-
fonnes , qui prétendent que le Veau marin , lorfqu’on le bleffe dans
une partie graffe, y refTent un certain plaifîr.
i ° . On cherche à les furprendre fur les côtes 8i dans lés iiles
pendant qu’ils font endormis, Si on les affomme alors avec des
ipalfues,
3 ° . On les perce fur la glace avec des harpons, l o r f q u ’ i l s forcent
de l’eau , ou qu’ils y dorment en appliquant contre la glacé leurs
mufeaux, dont la chaleur fait fondre la glace de part en part. Les
Chaffeurs profitent de cette ouverture pour les tuer à coups de hard
o K a m t c h a t k a .
pons. A ces harpons eft attachée une courroie par le moyen de laquelle
on retient la Bête , jüfqu a ce qu'on ait fait une plus grande
ouverture pour l’achever.
4°. Les Kouriles tuent ces Bêtes de deffus leurs Baidares tandis
qu’elles dorment fur la mer ; mais ils choiiïfTent pour cela un temps
■calme.
y0. Les Kamtchadals les tuent auffi avec des harpons. Us s'approchent
tout doucement d’eux fous le vent, & enveloppés dans
des peaux de Veaux marins. Us les tuent encore lorfqu’ils nagent:
proche le rivage.
6°. Lorfque les Veaux font fortir leurs petits fur la glace, les
Chaffeurs, après avoir déployé une ferviette au-devant d’une efpece
de petit traîneau, les pouffent peu-à-peu devant eux, & les
écartent affez de leurs trous pour qu’ils ne puiffent plus s'y fau-
ver; ils fe jettent alors tout-d’un-coup fur eux , & les ailbmment
ailement.
7°. Aux environs de la riviere de Kamtchatka , qui eft plus au
Nord de foixante werfts que l’embouchure de la Bolchaia Reka ,
& qui va fe jetter dans la mer de Pengina , les Naturels du Pays les
prennent d’une façon aulli linguliere qu’adroite : ils fe raffemblenc
au nombre d’environ cinquante & même davantage ; & lorfqu’ils
ont vu beaucoup de Veaux marins remonter la riviere , ils tendent
en travers, dans deux , trois ou quatre endroits, des filets très forts j
quelques-uns armés de piques & de maffues fe tiennent à chaque
filet dans des canots, tandis que les autres en naviguant fur la riviere
, les épouvantent par de grands cris , & les chaflènt vers les
filets. Dès que les Veaux marins s’embarraffent dans les filets, les
uns les affomment, & les autres les tirent fur le ri vage : ils prennent
quelquefois de cette maniéré jufqu’à cent Veaux marins en
nne feule fois ; ils les partagent enfuite également entr’eux. Les
^hbitants des bords de cette riviere, fourniilènt toutes les années