En 1785 , le Somkheth fut horriblement ravagé
par Omar, khan des Avares, qui s’était
attaché un corps de Lesghis, malgré les efforts
d un petit corps de Russes, commandés par' le
colonel Bornatchef. Les mines d’Akhtala furent
pillées, et la population du pays entraînée à
Akhaltsikhe, fut vendue aux Turcs, à la honte
du rai Héraclius qui n’avait pu ou qui nW i t pas
voulu (i) les sauver. Ce prince, dit-on, ne
s’opposa pas à la ruine du Somkheth, parce que
son fils Ghiorghi, qui fut roi après lu i, et son
gendre le prince David Tsitsianof, manifestèrent
l’intention d’augmenter la population et d’ac-
croitre ainsi la puissance d’un pays dont ils
étaient les gouverneurs.
Dans ces temps désastreux , pour sauver les
habitants qui restaient, les rois les transportèrent
dans la riche province du Cakhelh, où ils
sont restés. Ainsi, le Somkheth, malgré la richesse
de ses mines et de son sol, la beauté de
ses vallées, la douceur du climat, est encore
presque désert ; il ne se repeuple que lentement ;
les Orpélians y ont toujours de vastes étendues
de terrains, mais qui sont presque inhabités, et
Pambak ni le Trialeth , lui donne une population de
i3,569 habitants mâles, dont 8,476 Tatares, 3,634 Arméniens,
767 Grecs, 669 Géorgiens et 3i3 Allemands.
(2) Voy .Mémoires de Jean Ouosk’herdjan , dans les
Mémoires relatifs à F A sie, de Klaproth, p. 2 33.
sur lesquels il ne leur importe guère, pour le
moment, d’exercer des droits.
Jusque dans ces derniers temps, ils n’ont
cessé de contracter des alliances avec la famille
royale des Bagratides. Une soeur et une fille du
fameux roi Héraclius, avaient épousé deux
princes Orpélians (1 ) 4 Presque tous sont attachés
à la fortune de la Russie, et servent maintenant,
soit dans l’armée, soit dans l’administration
civile. Les princes Jean et Démétrius
ont rendu de grands services à la Russie dans
les guerres de i 8o3.
J’ai vu souvent dans les réunions de madame
la baronne de Rosen, les membres de cette famille
, princes et princesses, en venir faire les
ornements. A mon passage à Akhaltsikhé, un de
ces princes était protopope, et j ’ai raconté la
fête qu’il offrit à la haute société de cette
ville (2).
Telle est l’histoire de cette famille si intimement
liée à la terre que je foulais. La surface de
cette coulée de lave, couverte d’une riche
terre végétale et souvent arrosée du sang des
(1) A nne, soeur d’Héraclius, avait épousé le chambellan
prince Dénaétrius Orpélian, et Thamar, sa fille aînée, avait
été donnée au général Orpélian qui commandait sous Héraclius.
(2) Voy. plus haut, t. II, p. 372.