Avant d’y arriver, nous traversâmes la grande
Psikouche, au bord de laquelle je remarquai,
sur la rive gauche, de grands amas de tumulus
pressés les uns contre les autres comme ceux
des anciens villages des Cosaques de l’Ukraine.
Trois tombeaux tcherkesses récents, ornés
du turban en bois, étaient mêlés à ces tumulus..
Le bord plus élevé de la rivière est occupé
par une aoule (village) tcherkesse, et plus loin,
jusqu’à la petite Psikouche, nous rencontrâmes
d’anciens tombeaux tatares ou mogols , construits
en pierres, avec de petits dômes , comme
dans les pays transcaucasiens.
Le poste de Minara tire son nom d’un superbe
minaret qui est resté debout, isolé au bord
de la Dourdour, comme celui de Chamekor au
milieu des plaines du Chamechadil. Ils se ressemblent
beaucoup pour la construction. Le
troisième étage de celui de Minara a perdu
la lanterne qui le couronnait comme celui de
Chamekor. Sa hauteur actuelle est de 76 pieds
de roi : c’est moins de la moitié de la hauteur
de l’autre.
Toute la colonne est murée en briques. L’escalier
intérieur, sur voûte continue, était
dessiné par des marches en bois qui se sont
conservées jusqu’à nos jours.
Sur le socle se lisent les restes d’une inscription
arabe très-dégradée : sur l’un des côtés du
minaret s’étendent les ruines presque méconnaissables
de l’ancienne mosquée à laquelle il
appartenait.
Les tombeaux en voûte que nous avions vus
avant la station, se répètent au-delà jusqu’à la
station de Verkhnêdjoulatskoi. Çà et là s’élèvent
aussi de simples pierres mortuaires avec
des inscriptions arabes. Tout ceci prouve qu’une
population musulmane nombreuse s’était jadis
groupée sur ce point ; et, à en juger par le
style de construction, je crois cet établissement
contemporain de celui des grandes ruines de
Madjar, sur la Rouma.
Le minaret est au milieu d’un joli petit vallon,
dont les colonnes brisées en partie présentent
dans leurs escarpements les formes du grès
vert.
Nous terminâmes notre journée à Verkhné-
djoulatskoï, à 21 verst d’Arédonskoï. Adroite,
nous avions toujours la vue sur un plateau ou
sur une chaîne de collines bleuâtres peu élevées
, qui, du pied du Caucase, s’étendent jusqu’à
quelque distance de Mosdok sur la rive
droite du Térek. Ce sont les montagnes que
l’ancienne grande route de Vladikavkas à Mosdok
traversait. Sur les cartes, elles sont marquées
sous les noms de montagnes Bélantcha ,
et montagnes Arek ou Arak.
IV. 5o