ignorées, jusqu’ici ; ces peuples ont acquis une
certaine importance depuis que Ton sait que la
langue litvanienne est la langue de l’Europe qui
se rapproche le plus du sanscrit.
Lettre à M. A lex, de Humboldt(o.3 sept. i 83g).
J’ai eu l’occasion d’étudier avec assez de soin
les races lettes et litvaniennes pendant dix à onze
ans que j ’ai vécu sur leur sol. J’ai recueilli de
nombreux matériaux tant pour servir à l’histoire
, à la géographie du pays, que pour ce qui
tient aux moeurs, à la langue , aux origines de
ses habitants.
J’ai trouvé de singulières analogies entre les
peuples du Caucase et les Letto-Litvaniens.
Mais les Litvaniens ne sont pas Finois, tant s’en
faut et la famille lelte, à laquelle appartiennent
les Courlandais , est une branche de la nation
litvanienne qui a été civilisée par les Finois
(1). .
Selon mes recherches les plus scrupuleuses,
(1) On donne le nom de Lettes aux peuplades non fi-
noises qui habitent la Courlande et la Livonie, et celui de
Litvanién est réservé aux habitants de l’ancien grand-duché
de Litvanie. Mais , par un renversement complet d’idées
, il se trouve en réalité que le Lette s’appellè, lu i,
Latwis, et le pays des Lettes Latwiju-Semme, tandis qu’il
nomme le Litvanién Lcitis..
les Litvaniens appartiennent à la grande famille
des Vendo-Slaves, qui a été plusieurs fois soumise
à des races germaniques, tant goths qu autres.
Pendant les 9e et 10e siècles de notre ère, toute
la côte méridionale de la Baltique, de l’Esthonie
moderne à la Vistule, ainsi que les îles d OEsel,
de Moon, etc., étaient habitées par les Finois,
qui, sous les différents noms de Esthes, Lives,
Coures, se livraient à la pêche, a la piraterie,
et dont les moeurs étaient aussi fières, aussi farouches
que celles des Huns leurs confrères.
L’ile d’OEsel et ses voisines devinrent le centre
d’une république formidable ; et les fiers et
vigoureux Coures [Coursares] [1) portèrent
bientôt dans toute la Baltique la terreur de leur
nom.
Se colonisant sur le long rivage de la Cour-
lande , et embrassant le pourtour du golfe de
Riga, pendant qu’une partie de la nation occupait
toutes les embouchures des fleuves ,
depuis le Domesness jusqu’à la Vistule, ils fondèrent
sur la côte autant de refuges ou de repaires
qu’ils en crurent nécessaires pour faciliter
leurs brigandages et assurer plus tard leur
domination.
(1 ) Kurre-Saar , île des Koures, était le nom de l’île
d’OEsel, en finois ; de là le nom des Coursares.