Connaissant le petit nombre de ceux qui les
poursuivaient, tinrent ferme contre les Geor-
giens. Au moment où le combat était le plus
acharne, un Géorgien, dit-on, placé derrière
Libaride, et qui était paye peut-être par le roi
Bagrat qui ne pouvait oublier le châtiment que
lui avait inflige Libaride et voulait se débarrasser
de lu i, coupa d’un coup de sabre les jarrets
de son cheval, et il tomba à terre en criant :
« Je suis Libaride. » Alors commença un massacre
général des Géorgiens ; fort peu y échappèrent
par la fuite, laissant Libaride prisonnier.
Les deux généraux romains , pendant ce
temps, étaient parvenus à battre l’ennemi qui.
leur était opposé, l’avaient poursuivi, et, de retour
, étaient descendus de cheval pour rendre
grâces à Dieu par des chants de triomphe, en
disant en choeur : « Est-il un plus grand Dieu
que le nôtre ! »
On attendait Libaride avec inquiétude, le
croyant néanmoins encore occupé à poursuivre
l’ennemi, quand un soldat apporta la nouvelle
de son malheur.
Ibrahim , plus content de la prise de Libaride
que du gain d’une bataille, fit une retraite
précipitée; emmenant avec lui les prisonniers
géorgiens et le butin qu’il avait fait
à Arzeroum, malgré l’incendie. On dit qu’il
fallut 10,000 charriots pour le transporter (1).
Plus de 100,000 autres prisonniers , faits dans
les villes qu’il avait saccagées, le suivaient
aussi. Libaride offrit à Ibrahim 3oo,ooo dinars
pour sa rançon ; et en présenta, dit-on ,
100,000 sur-le-champ; mais on ne les accepta
pas (2).
Les généraux romains , stupéfaits de toutes
ces nouvelles, se retirèrent chacun en leur gouvernement.
Ibrahim se hâta de mener son prisonnier auprès
de son frère Thoghrul, qui fut rempli de
joie de cette capture. Mais jaloux de la gloire
que venait d’acquérir Ibrahim, il exigea de lui
qu’il lui livrât la ville de Hamadan et les forteresses
qu’il possédait dans le Kouhistan; celui-ci
s’y refusa, et il y eut rupture ouverte entre eux.
Les troupes en vinrent aux mains Ibrahim
vaincu fut contraint de se réfugier dans la
forteresse de Sermadj, où Thoghrul vint l’assiéger.
Mais Libaride n’y était pas ; Ibrahim avait
envoyé son prisonnier en sûreté chez Nazir ed
Daulah, fils de Mirvan , roi du Diarbekr, feuda-
taire de l’empire grec. Thoghrul le fit deman-
(1) Ibn Alathir, dans Saint-Martin, t. II, p. 2i5.
(2) Id.