tenl qu’en couches de terre glaise , ou en calcaire
quaternaire qui devient prédominant jusqu’à
la mer Caspienne ; comme le calcaire de
Kertche, il est pétri de vénus, de cérithes, de
troques, etc. Il est très-visible près de la poste
de Mouganli.
Les bords du Iôr étaient couverts d’asperges
sauvages : on aurait dit des champs plantés
exprès, tant elles prospéraient dans ce sol léger,
humide et fertile. Ces asperges sauvages sont les
seules qu’on cueille et qu’on vende sur les marchés
de Tiflis ou elles abondent, et où elles sont
à bon compte. Cependant il y a un grand choix
entre celles qui sont maigres, vertes et qui ont
trop poussé, et celles qui, cueillies à temps dans
un terrain soigné, ont obtenu par cette légère
culture une grosseur et un tissu tendre et délicat
que les autres n’ont pas.
Nous nous arrêtâmes au bord du Ior qu’on
passe à gué , pour faire reposer nos chevaux ; et
quoique mous ne fussions qu’au ~ mai, la chaleur
me parut insupportable.
Le plateau qui sépare le Ior de la vallée de
l’Alazan ou Cakheth, n’est derechef, à mesure
qu’on approche de Signaghi, qu’un conglomérat
grossier de débris de porphyre, liés par de la
terre glaise. Le sol s’élève davantage le long de
l’Alazan, formant quelques collines allongées,
isolées par des courants d’eau , ou par d’autres
accidents. Les points les plus élevés ont près de
i,ooo à 1,200 pieds au-dessus de l’Alazan.
Signaghi ne se voit que quand on est arrivé
au bord du plateau, vers l’Alazan. Il s’étend alors
tout à coup à vos pieds , épanché sur toutes les
sinuosités de la pente méridionale de l’une de
ces collines isolées. Cette vue est unique dans
son genre, et c’est de la que je l’ai dessinee (1).
Les regards se portent d’abord sur la longue
muraille, haute de 3 a 4- toises, herissee de tours,
que le roi Héraclius avait fait construire, pour
y recueillir tous les peuples de la vallée, en cas
d’invasion de la part des Lesghis, que son courage
ne parvenait pas toujours à contenir. Cette
espèce de forteresse a près de deux verst et demi
de long. L’intérieur en est presque vide, et
personne ne s’est empressé d’y construire des
maisons ; je crois qu’un cens foncier qu’exigeait
le roi Héraclius, dégoûta dans l’origine ceux qui
en auraient eu l’intention, et la ville, peuplée
principalement d’Arméniens, est restée hors du
fort, où on la voit aujourd’hui (2). Les deux
principales rues, bordées de maisons basses, à
toits plats, ne comprennent que le bazar, que
les marchands abandonnent le soir pour se
rendre chacun dans leurs maisons, disséminées
(1) Voyez Atlas, II" série, pl. 2 5 .
(2) Comparez Reineggs, I I , 107.