anciens , et leur connaissance explique plusieurs
faits historiques que j’ai rapportés plus haut (1).
Dans l’extrémité orientale du Caucase, vers la
mep Caspienne, il n’existe que fort peu de passages
à travers les montagnes, connus et pratiqués
par les Russes, La férocité des Lesghis a
été un obstacle insurmontable pour eux. Le seul
défilé qu’ils fréquentent et que je crois être les
Portes Albaniennes des anciens auteurs, est le
chemin de Chamaki à Kouba, ou du Chirvan
dans le Daghestan méridional. Plusieurs personnes
qui ont fait cç trajet , m’ont dit qu’il longeait
des abîmes affreux, et que dans un endroit,
deux planches, placées en Ion g sur une large
fente, étaient le seul pont qui s’offrît pour la
passer à cheval.
Les rois de Perse , très-anciennement , puis
Alexandre de Macédoine, les Romains, les empereurs
grecs, les rois Arsacides et Sassani-
cles, etc. des nouvelles dynasties persanes,
ont toujours envisagé, comme d’une grande importance,
la garde de tous les passages du Caucase,
qu’ils regardaient comme la clef qui ouvrait
leurs empires aux invasions des hordes barbares
et nomades du nord du Caucase.
Toujours les peuples du Nord ont voulu envahir
ceux du Midi. Les Chinois ont commencé
(1) Voyez t. II ,rp. 26, 77, 78, 79, 127 et i 32.
à élever leur grande muraille, il y a plus de deux
mille ans , pour contenir le torrent des peuples
du haut plateau de la Mongolie. Les remparts
de la Bactriane , lès murs médiques entre le
Tigre et l’Euphrate, le mur de Béry dans le
voisinage de Persepolis, devaient defendre les
peuples agricoles de la Babylonie et de la Médie
contre les nomades scythes ou autres du nord
et de l’est de la mer Caspienne,
Chaque association de colonies grecques en
Thrace, en Crimée, eut son mur. La Cherson-
nèse de Panticapée se ferma par le rempart
d’Akkos contre les Scythes que ceux de la
Chersonnèse héracléotique repoussaient par un
rempart élevé entre l’extrémité des baies de
Sévastopol’ et de Balâklava. On connaît le mur
que fit élever Miltiade pour fermer aux Thraces
l’entrée de la Chersonnèse de Thrace.
Plus anciennement encore, les Cimmeriens
s’étaient déjà fortifiés contre les Scythes , dans
l’île de Taman, dont ils formèrent une presqu’île,
par un rempart connu sous leur nom (1),
Et même les Romains, dans les temps les plus
brillants de leur gloire et de leur toute-puissance,
sous Trajan et sous Adrien, ne furent-ils
pas forcés de se mettre à couvert des invasions
(1) Strabo, iib. X I , p. 4?4- R est marqué , ainsi que
pelui d’Akkos, dans la carte, Ire série, pl. 2.