Rapides de l’Araxe,
à Nous retrouvâmes bientôt l’Araxe au-dessous
d’Ourdabad; jusqu’ici, son cours est tranquille,
mais des quil atteint les premières roches, dès
qu il est encaissé, son eau jaune bouillonne sur
les blocs qui remplissent son lit. Dans l’espace
des quinze premiers verst, l’Araxe est resserré
entre deux parois de calcaire siliceux noir, brûlées
, dont les cimes déchirées se crénèlent sous
les formes les plus bizarres. Presque toutes les
pentessont extrêmement escarpées ; on reconnaît
sur leurs flancs les couches repliées, déformées
par 1 action et le soulèvement du porphyre diori—
tique (1) , qui s’élève en muraille derrière Our-
dabad, sans atteindre encore ici l’Araxe. Ce
calcaire siliceux noir (2) est fendillé en parallé-
( t) Ce porphyre dioritique consiste en une masse d’un
veit grisâtre clair dans laquelle se trouvent des cristaux
d’albite,d’un blanc de neige et d’autres cristaux verdâtres
peu développés qui paraissent être de l’amphibole. Le
quartz n’y est semé que par grains isolés. (Description de
M. le professeur Gustave Rosen.)
(2) Calcaire siliceux, d un gris foncé, non transparent,
à cassure unie, difficile à rayer avec un couteau; ses bords
se fondent au chalumeau en se gonflant, et donnent un
verre verdâtre ; il fait une forte effervescence avec les acides,
et se dissout dans l’acide hydrochlorique avec un résidu
considérable d’acide de sile. (Gustave Rosen.)
logramme ; les faces des fissures sont toutes
comme oxidées de rouge ou de rouille. Des
teintes brunes, noires ou grises recouvrent largement
ces roches , dont pas un arbre, pas
même un arbuste ne voile la nudité.
On trouve le long de ces parois que l’on croit
inabordables, une ébauche de sentier suspendu
le long de l’Araxe, que l’on voit bouillonner à
ses pieds ou passer comme une flèche, en rongeant
les flancs noircis qui l’encaissent. C’est un
beau spectacle pour le voyageur qui se fie à l’adresse
de son cheval et qui ne craint pas de
plonger d’un oeil fixe dans le gouffre qui s’ouvre
devant lui. « Ah! me disait, en frissonnant et en
pâlissant encore, Ali qui venait de traverser un
de ces- passages difficiles, si je ne parviens à
oublier cet épouvantable trajet , je n’en dormirai
plus la nuit. Effectivement, il ne restait du
sentier éboulé qu’à peu près deux fois la largeur
du sabot du cheval. Que faire? on se
trouve là au moment où on s’y attend le moins.
Impossible de reculer, de tourner, de mettre
pied à terre; il ne reste plus qu’à s’en remettre
en frémissant à la Providence et à l’adresse du
cheval que l’on monte; en effet, quand on sait
combien les chevaux de .ces montagnes ont acquis
par l’habitude la facilité de traverser d’un
pied sûr les pas les plus difficiles, on sent qu’il
n’y a pas même de mérite à avoir tenté cette
entreprise. l . .. *