depuis la mer de Douroubandi jusqu’à la rivière
de Loméki (Térek),' et au nord, jusqu’au grand
fleuve, dans le pays des Khasares. KavTcas eut,
de son côté, le pays depuis le Loméki jusqu’à
l’extrémité occidentale du Kavkas (1).
(1) Voyez tome II de mon Voyage, page 11, où j’ai rapporté
quelques fragments des chroniques géorgiennes. On
y remai'quera que l’auteur de la chronique fait descendre
les Arméniens, les Géorgiens, les Abkhazes, les Caucasiens
et les Lesghis tous de la même souche, celle de Tharga-
mos. Cette idée (voy. note de la p. 8, même volume) n ’est
qu’une suite de la manie qu’ont eue tous les chroniqueurs
chrétiens, de vouloir rattacher médiatement ou immédiatement
, chacun sa nation à un nom des origines bibli*
ques. Ainsi fît à la fin du cinquième siècle de notre ère ,
Moyse de Khorène q u i, écrivant l’histoire d’Arménie,
compilait un vieux volume chaldéen qui fut traduit en
grec par ordre d’Alexandre de Macédoine. Mar-Ibas de
Catina avait le premier extrait dans ce volume tout ce qüi
pouvait intéresser l’Arménie et apporta son ouvrage écrit
en grec et en syriaque à Nisibis, au roi d’Arménie Valar-
sace, qui régnait en 149 avant J.-C . Valarsace considéra
ce volume comme un trésor et le fit conserver précieusem
ent, et ce fut dans ces extraits de Mar-Ibas de Catina,
que Moyse de Kborène puisa les documents de son histoire.
Or, l’auteur chaldéen et Mar-Ibas de Catina font
aussi descendre la race humaine de trois frères Zrouan
(Zervan des Guèbres) , Didan (Titan des Grecs) et Hahé-
dosth. Moyse de Khorène en fit Sem, Kam et Japheth.
Puis trouvant que Habédosth avait trois fils , Méi'od, Si-
rath et T haklath, pour faire concorder le texte profane
avec le texte sacré, il tronqua celui-ci et supposa que ces
A l’époque où écrivait l’auteur chaldéen auquel
les chroniques géorgiennes ont emprunté
ces faits | on reconnaissait donc que le versant
septentrional du Caucase avait été peuplé par
des peuples venant du midi , et on distinguait
même déjà alors les deux grahdes races qui se
partagent encore, à l’heure qu’il est, ces contrées,
les Caucasiens occidentaux, mélanges
tcherkesses et autres d’une part , et d’autre
part , les Caucasiens orientaux , mélanges lesghis
, qui paraissent stationner, depuis l’origine
des temps, là où on les voit encore aujourd’hui.
Je ne donne ceci que comme une hypothèse
chaldéenne, dont on peut suivre l’ensemble
trois chefs de race étaient les mêmes que Gomer, Thiras et
Thorgamos ; et H aïg, fils de Thaklath , se trouva enté
chrétiennement sur le patriarché Thorgamos. On voit
tout de suite que cette concordance n’a rien de réel. Pour
rester donc dans l’esprit du texte antique chaldéen, il
faut laisser de côté cette filiation supposée de Thorgamos,
qui appartient de droit à un autre peuple, les Phrygiens ,
et ne conserver que les faits curieux rapportés par l’auteur
chaldéen qui peint ici le système des Chaldéens sur
la migration et la parenté des peuples du Caucase. Voyez
Moyse de Khorène et Jean Potocki, Voy. dans les steppes
d’Astrakhan, etc. t. I I, p. 25g et suiv. Les chroniques
géorgiennes ont puisé dans Moyse de Khorène les origines
géorgiennes.
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