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muraille. Ces remparts sont suffisants pour se
défendre contre des gens qui n’ont pas d’artillerie.
De distance en distance , entre chaque
stanitse, on a profité du sommet de quelque tu-
mulus pour y placer de petits corps-de-garde,
où une sentinelle est toujours en faction. Pour
étendre son horizon, elle est hissée sur une petite
plate-forme, établie sur quatre hautes poutres.
Il est très-difficile qu’un ennemi passe de
jour et même de nuit entre ces différents corps-
de-garde, sans être remarqué, tant les sentinelles
sont rapprochées.
Des brandons ou tonnes enduites de goudron
sont suspendues à des perches sur différents
points de la ligne. On les allume en cas d’attaque
de nuit de la part des Tcherkesses, ou lorsqu’ils
ont forcé en masse la ligne : et les signaux sont
compris en quelques instants, jusqu’aux extrémités
de la ligne ; les ordres sont transmis , etc.
Les stations que nous parcourûmes d’Ekaté-
rinograd à Ghiorghievsk sont celles
de Prokhladnaïa à 18 verst.
de Malka Soldatskaïa à 17 —
de Staro Pavlofskaïa à 20 —
de Ghiorghievsk à 25 —-
Total. 80 verst.
Ghiorghievsk, comme Ekatérinograd, capitale
abandonnée, selon le plan qui la destinait à être
la reine du Caucase, a été fondée dans d’immenses
proportions , et on peut dire à l’heure
qu’il est, que les places et les rues occupent dix
fois plus d’espace que les maisons. Les rues
destinées à être bordées de palais, sont si larges
que les misérables cabanes qui les bordent, en
attendant les monuments de l’art, disparaissent,
et qu’il faut, comme disait un plaisant, les chercher
avec un microscope. Les places sont si
vastes qu’il faudrait avoir un télescope pour savoir
ce qui se passe d’une extrémité à l’autre.
La plupart des maisons, mal bâties, n’ont qu’un
rez-de- chaussée.
Depuis que le siège du gouvernement a été
transféré à Slauropol, Ghiorghievsk n’a conservé
qu’une partie de l’administration militaire ; il ne
lui est rien resté de l’administration civile, et les
autorités d-u district sont à Pétigorsk.
C’est des remparts de Ghiorghievsk que Pallas
a fait dessiner la vue qu’il a donnée de la chaîne
du Caucase.
Nous ne passâmes qu’une journée à Ghiorghievsk
, tant il y avait peu d’objets propres à
nous intéresser et tant nous désirions être au
terme de notre voyage , aux bains du Caucase,
où des objets plus intéressants nous attendaient.
Une seule station nous en séparait, celle de
Lissaïa , poste de Cosaques où l’on change de
chevaux, à 17 verst de Ghiorghievsk. Elle est au