La puissance et la gloire des Orpélians, dans
le royaume de Géorgie, consistait à commander
en chef toutes les troupes du pays, avec le titre
de sbcisalar. Tous les officiers du palais du roi
étaient sous leur dépendance ; outre cela, ils
avaient en propre 12 étendards, et sous chaque
étendard se réunissaient 1,000 guerriers. Comme
il était d’usage que le drapeau du roi fût blanc,
et la bannière qui le surmontait rouge, on régla
que le drapeau des Orpélians serait rouge et la
bannière blanche. Lorsqu’ils marchaient devant
les rois, ils portaient une baguette à tête de lion.
Dans les festins, ils avaient seuls le droit de se
placer sur des lits, tandis que les autres princes
se plaçaient sur des coussins. On leur servait
aussi à manger sur des plats d’argent. Ils
avaient encore enfin la charge de couronner les
rois (1).
Ivanè, fils de Libaride, dépouillé de la Mes-
khie, et peut-être de la souveraineté héréditaire
de Chamchouïldé, fut contraint de prendre du
service chez l’empereur Isaac Comnène , qui lui
avait donné la souveraineté des provinces de
(1) Etienne Orpélian, Saint-Mai'tin, II, 77. On voit que
cette charge de couronner les rois était l’une des plus glorieuses
dans les royaumes de l’Orient. Sous les rois d’Arménie
, de la race des Arsacides, la charge de Thakatir
était héréditaire dans la famille des Pakratides.
Haéhèdéan et de Archamouni. Ivané profita
des troubles qui suivirent l’ascension au trône
d’Isaac, pour s’emparer de quelques forteresses
du pays de Daron $ et même de la ville d’Arze-
roüm. Quand il vit que la garnison d’Ani venait
pour le réprimer, il envoya un message aux
Turcs et aux Kourdes, qui étaient sur les frontières
de l’Arménie, pour faire alliance avec eux,
et les introduire sur le territoire de l’empire. Il
les suivit à la prise de Mililène et dans d’autres
endroits , et mérita le surnom de traître ( Mad-
nitchè) que lui donnent les écrivains Armé-
niens (1).
On ignore Ce qu’il devint ensuite. Son fils
Libaride n’est connu que parce qu’il embrassa
le mahométisme en 1082 de Jésus—Christ, entraîné
par les relations et l’alliance que son père
avait contractées avec les musulmans.
Son fils Ivané Orpélian, si tant est que cette
généalogie soit juste (2), revint à la religion et à
la fortune de ses pères, ramené par les brillants
faits d’armes et par les conquêtes de David III
le Réparateur, roi de Géorgie, qui en fit même
son généralissime. La gloire qu’avait acquise
David III fut rehaussée par le mérite d’Ivané,
(1) Mathieu d’Edesse et Tchamchéan, cités par Saint-
Martin , I I , ?.3o.
(2) Saint-Martin , II , a33.