cle ; on y arrivait plus commodément en venant
de Perse et en traversant PAraxe, qui est guéa-
ble en été.
Je n’y trouvai pas la végétation plus avancée
qu’à Ourdabad ; le soleil se lève tard et se couche
de bonne heure au milieu de ces hautes montagnes
: d’ailleurs, l’Alanghez à la cime glaciale est
trop près de Migri, et y envoie un vent froid par
le temps le plus serein. Pour un Russe , c’est ici
le bout du monde et un terrible lieu d’exil ,: en
été* le climat est malsain, à cause de la chaleur
concentrée à laquelle succède rapidement la fraîcheur.
Nous y passâmes la nuit ; les habitants du vil-
village nous reçurent fort bien ; en ce moment,
tout était calme et tranquille ; on n’eût pas pu
soupçonner qu’on se trouvait à quelques centaines
de pas des frontières de la Perse, pays de
troubles et de révolutions.
Le lendemain, coupant une montagne
de diorite, nous rejoignîmes l’Araxe, que nous
côtoyâmes de nouveau jusqu’à Aldara, où nous
devions changer de chevaux. Ce sont toujours,
les mêmes rochers dioritiques, déchirés, escarpés
et sans végétation. La chute de l’Araxe est
moins grande qu’entre Ourdabad et Migri ; ce
n’est que de distance en distance qu’il tourbillonne,
écume et mugit en roulant sur les rochers
qui remplissent son lit.
Aldara est un grand et beau village tarlare
ou persan, entouré de vignobles et de mûriers
; la végétation y est aussi belle qu’à Migri.
Les chefs du village nous reçurent sous des
arbres qui tiennent lieu de place publique,
et nous servirent une collation de lait aigre et
de fromage , pendant qu’on changeait nos chevaux.
Au-delà d’Aldara, le sentier ne longe plus
l’Araxe, qui paraît inabordable : nous remontâmes
et redescendîmes péniblement, et non sans
danger, quatre montagnes ou contreforts séparés
par des Vallées ou plutôt de profonds ravins.
Dans le premier se trouve Atsasour, petit village
arménien, où je fus étonné de voir un bel
aquéduc d’une seule arche et d’une grande hauteur,
qui conduisait l’eau d’un côté de la vallée à
l’autre pour l’irrigation des jardins. Lies canaux
et ces aquéducs coûtent beaucoup de peines et
de sacrifices, mais ils sont indispensables pour
obtenir des récoltes ; la surveillance de leur entretien
et surtout la distibution de l’eau à chaque
propriétaire pour son champ ou pour sa vigne
pendant l’heure fixée, est déléguée dans chaque
village à un personnage qui tient strictement
la main à l’observation exacte des règlements.
On ne voit dans ces montagnes que du porphyre
dioritique gris, traversé par de grandes