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avons vu que les Cimmériens et les Scythes surent
la franchir, et l’empire de 28 ans (de 633 à
6o5 avant J.-C.) qu’exercèrent ces derniers sur
l’Asie centrale, laissa d’assez effrayants souvenirs
aux potentats de la Perse pour les engager
a prendre toutes ces précautions, afin d’empêcher
ces nomades de revenir. La grande muraille,
dite Caucasienne, fut construite alors.
Selon les chroniques géorgiennes, on la doit
a Ardam, gouverneur de la Géorgie pour
Aphridoun ou Féridoun (i).
D’autres, comme Massoudi (2), en attribuent
l’honneur à Xerxès, fils de Darius, surnommé
Isphandiar, le Géant d’airain, ou à Alexandre-
le-Grand.
Ces traditions prouvent que chaque prince de
cette époque songea à cette ligne de défense,
l’améliora et l’étendit.
Cependant, on aurait tort de croire que le
Caucase fut ainsi traversé par une muraille continue.
Il 11’y avait pas de nécessité à cette mesure
extraordinaire,. adoptée par les Chinois
pour leur muraille, Les cimes du Caucase,
comme le prouvent de reste mes descriptions
précédentes , sont inabordables dans presque
(1) Voyez Histoire de la Géorgie, de Klaproth, t. I I ,
p. 84, édition allemande.
(2) Magasin asiatique de Klaproth, p. 287.
toute leur étendue pour des individus isolés, et
encore bien plus pour des armées. U ne se présente
que fort peu de passages praticables, et la
plupart seulement en été. Il ne s’agissait donc
que de défendre par des murailles et par des
tours les étroites et sombres vallées , semblables
à des défilés, qui mènent aux cols principaux
, p i le Caucase se trouvait fermé hermétiquement.
La grande muraille est donc composée d’un
certain nombre de tronçons qui peuvent avoir
été ordonnés successivement par différents
princes, suivant l’urgence des temps et la position
des peuples les plus guerriers qui menaçaient
.d’envahir le Midi.
Le principal tronçon de ce système de défense
est celui qui commence à la mer Casr
pienne et qui clot l’étroit défilé ( derbend) qui
reste entre cette mer et la chaîne de montagnes
voisines. La muraille est très-forte, construite
en calcairé coquiller, et appuyée de 6 à 8 verst
de distance par une tour carrée ; cette partie
paraît ayoir été renouvelée par Nouchirvan, roi
de Perse (1). Il paraît même qu’il a existé plu-
( i ) Massoudy, Magasin asiatique de Klaproth, p. 261,
s’exprime ainsi : La Porte des Portes fut construite par
Khosrou Anoucliirvan, qui y fit élever un mur, et le prolongea
dans la mer à la distance d’un mille ; il faisait la
frontière depuis la mer des Khazars jusqu’aux cimes les