muiaille a pic inabordable, excepté sur deux
points défendus par deux portes, celle d’Erivan
et celle d Elisabethpol. Ce banc a 2 ou 3 verst
de diamètre et 7 à 8 verst de tour. La ville de
Choucha n’occupe que la minime partie de ce
plateau ; le reste sert de cimetière, de jardin, ou
est désert. On ne peut se faire une meilleure
idée de ce plateau de Choucha, qu’en le compa—
îant, pour ceux qui connaissent la Crimée , à la
cime du Tchatyrdagh, ou au rocher de Man-
goupkalé.
La ville de Choucha , qu’on dit compter
15,ooo habitants, avec la garnison , est ce qu’il
y a de plus irrégulie„r au monde ; les maisons
sont semées a l’aventure; quelques-unes ont
quelque apparence et cependant elles ne sont
pas logeables; la plupart sont construites en
pierres calcaires et couvertes de toits en bardeaux
; quelques rues, faites du plus exécrable
pavé, serpentent entre ces bâtiments irréguliers.
La plus légère pluie rend ces rues impraticables;
on risque de se casser le cou entre les
pierres, ou de tomber dans une glaise compacte
qui recouvre une partie du rocher. Partout des
ordures. Des ravins creusés dans la glaise ou
formés par des crevasses, rendent la ville encore
plus désagréable par les détours qu’il faut faire
pour les éviter. Pas une église parmi le grand
nombre qui existent dans cette ville, pas un
monument qui mérite d’être cité. Un grand
bazar en pierres et en briques , porte à tort son
nom, tant sont misérables les marchandises
qu’on y expose en vente. Ce qu’on appelle
bazar arménien n’est qu’un amas de huttes.
Choucha manque d'eau ; celle des puits est
mauvaise et légèrement salée. On en a amené de
meilleure par un aquéduc hors de la porte
d’Erivan , mais on n’a pas pu la faire remonter
dans la ville.
Les maisons sont très-mal bâties en pierres et
en terre glaise, à cause du prix élevé de la
chaux. Cependant la pierre calcaire et le bois ne
manquent pas aux alentours de Choucha; le
transport seul en est difficile. C’est une des raisons
qui rendent si coûteux l’établissement d’un
bon pavé; car la sagène (toise) cube de pierre
calcaire, pour le pavé, rendue sur place, revient
à 8 roubles argent (32 francs), tandis que le travail
de la sagène cube ne coûte que 2 roubles
argent (8 francs). Cette cherté retombe aussi sur
le bois de chauffage qui revient à 60 copecks en
cuivre ( 1 abaze de Choucha, 60 centimes de
France) la charge d’un âne.
La population de Choucha est tatare ou arménienne
: on ne fait pas l’éloge de cette population
, les derniers surtout vivent en grande
partie d’une manière fort misérable. Il vaut mieux
tout acheter des Tatares que des Arméniens.