Comans, et qu’ils tenaient leurs troupeaux ; ils
s’appelaient Kaptchak, et selon les Allemands f
Valans, et leur pays Valanie. Isidore l’appelle
Alanie, depuis le Tanaïs jusqu’aux Méotides et
le Danube. Les Comans s’étendaient même jusqu’à
l’Etilia ou Volga avant que les Tatares eussent
occupé tout ce pays (1). »
Voici le nom de Comans pris pour synonyme
d’Alains et de Kaptchak à la fois. Les Kaptchak
étaient les Tatares arrivés au nord du Caucase à
la suite des invasions de Tchinghis-Khan, et les
Comans étaient les Alains des steppes sablonneuses
(2), que ces nouveaux venus avaient
forcés d’émigrer.
Poursuivant sa narration, Rubruquis dit :
« Au midi, nous avions de très-grandes montagnes
[plus bas il les appelle montagnes des
Alains (3)]. Là habitaient les Kergis (Tcher-
kesses) et les Alains ou Acas (Osses montagnards)
, qui sont chrétiens et qui combattent
encore tous les jours contre les Tatares. Après
eux , vers le grand lac (la mer Caspienne), sont
des Sarrasins qu’on appelle Lesges, et qui sont
sujets des Tatares; et puis on trouve la porte
(1) Collection Bergeron , Voyage de Rubruquis , p. 26
et 29.
(2) Koum, en lesghi, signifie salle.
(3) Collection Bergeron, Voyage de Rubruquis} p. i 38.
de fer que le grand Alexandre fit faire pour
empêcher les Barbares d’entrer en Perse (1). »
Il cite encore les Alains comme excellents
forgerons d’armures, réputation qu’ont eue
longtemps plusieurs peuples caucasiens (2).
Le moine Bacon, écrivant à la fin du treizième
siècle, et copiant Rubruquis, qu’il appelle le
Père Guillaume, distingue les montagnes des
Alains de celles d’un peuple nommé Aas qui
sont tous chrétiens et qui se battent contre les
Tatares aussi bien que les Alains (3). On voit
que nous sommes ici dans le Caucase, et qu’il
fait une différence entre les Osses et les Alains.
Mais, page 9 , il parle des Alaniens, qu’il
trouve plus polis que les Esthoniens, les Livo-
niens, les Leuconiens (Litvaniens), e tc ., parce
que les Tatares s’étant emparés de leurs terres,
les ont forcés de se retirer en Hongrie où ils se
sont civilisés. Quant aux Cumaniens, ils étaient
aussi grossiers que les Alaniens l’avaient été,
et quelques lignes plus bas, il confond, comme
n’étant qu’un seul peuple, les Alaniens avec les
Cumaniens. On voit qu’il ne s’agit plus ici des
Alains du Caucase.
Dans une géographie publiée aussi par Ber-
(3) Collection Bergeron, Voyage de Rubruquis , p. 29.
(4) Id. id., p. i 3g.
(5) Id., Observations du moine Bacon, p . i 3.