à perte de vue, le plateau sans arbres qui s’élève
insensiblement dans la direction de l’Elbrous,
à peu près comme on voit en Crimée la steppe
s’élever doucement en amont de la chaîne Tau-
rique.
Le plateau, qui n’est que la vaste assise plane
de la dernière couche de grès vert, remonte
jusqu’aux escarpements du Kacheghogha et de
ÏElmourza (1), auxquels on donne le nom de
montagnes. Là cessent tout à coup les formations
du grès vert et du Jura supérieur, et ces escarpements
, combinés avec les monts Pagoum,
Echekakon, Bermamouc, Kindjal et Inal forment
le bord septentrional et oriental du cratère
de soulèvement de l’Elbrous.
L’Elbrous, qui occupe le centre du cratère
avec ses roches ignées, vu au-dessus de l’horizon
du plateau, ne laisse apercevoir que sa
partie supérieure qui a l’air de deux pyramides
tronquées accolées l’une contre l’autre par la
moitié de leur hauteur. D’ici se montrent le
mieux les deux cimes qui caractérisent l’Elbrous
; vu du nord, comme vu du sud de Poti
ou du Gouriel, leurs formes sont prismatiques,
(i) Klaproth et la carte Khatofleur donnent le nom de
Mont-Mara. Klaproth indique à la source du Podkoumok,
au pied du Mont-Mara, une source d’eau acidulée
d’une grande vertu. T. I, p. 267.
A ces observations,” les seules que j ’aie pu
faire , j ’ajouterai quelques détails tirés de la
relation de l’académicien M.Kupfer qui a accompagné
le général Emanuel dans l’expédition de
l’Elbrous , exécutée pendant le mois de juillet
de 1829 (1).
Selon cet auteur, l’Inal, le Kindjal, leBer-
mamcJuc et les autres montagnes de grès qui sont
rangées sur une ligne presque semi-circulaire
autour de l’Elbrous, se perdent insensiblement,
à leur base, du côté du plateau, tandis qu’elles
se présentent en précipices, avec de profondes
vallées, du côté de l’Elbrous. .Ces cimes, par conséquent,
ne sont sensiblement visibles que de
l’intérieur de l’amphithéâtre cratérique , et on
s’explique comment, depuis la surface du plateau
, en regardant vers l’Elbrous, on ne voit
qu’une ligne presque horizontale pour l’horizon;
M. Kupfer estime la hauteur de cette vaste corniche
cratérique de 8 à 9,000 pieds de hauteur
absolue. La hauteur barométrique exactedu Bermamouc
est de 7,812 pieds de roi.
L ’intérieur du cirque est rempli de.vallées
schisteuses ; mais entre les étages du grès vert
et le schiste argileux, il se présente une formation
épaisse d’une roche à laquelle M. Kupfer
donne le nom de calcaire à gryphites. Les bancs
(1) Voyez les Mémoires de l’Académie de St-Pétersbourg.