printanières, pendant que M. le pasteur du village
et sa femme, assis au pied d’un arbre, auprès
du panier de rafraîchissements, les regardaient
botaniser. C’était un tableau tout nouveau
pour quelqu’un qui venait de passer un mois au
milieu de Tatares et de Courdes. Comme on est
sensible alors à cette cordialité qui vient de
personnes qui nous rappellent une même patrie,
un même culte , une même langue !..... Tiens,
dit M. Hohenacker à mon guide, en lui présentant
un verre de vin : bois-le pour le plaisir
que me procure la visite que tu m’amènes.
M. Hohenacker était l’un des missionnaires
que l’instiLut de Baie avait envoyés à Choucha,
mais la faiblesse de sa poitrine l’empêchant de
prêcher, il s’était retiré du ministère pastoral et
avait cherché quelque moyen de pourvoir honorablement
à sa subsistance sans nuire à sa santé.
Ses connaissances en histoire naturelle vinrent
à son aide ; il se mit à recueillir des plantes, des
insectes, des peaux d’animaux, à préparer des
squelettes ; le gouvernement s’intéressa à son
entreprise, lui alloua des honoraires , lui donna
deux cosaques pour l’accompagner dans ses excursions,
M. Hohenacker se trouvait fort bien
de ce nouveau genre de vie ; il expédiait ce qu’il
avait recueilli à ses correspondants qui le lui
bonifiaient, suivant des prix très-raisonnables.
M. Hohenacker trouva dans la femme qu’il
épousa, une tendre épouse, aussi simple, aussi
bonne que la nature; elle était orpheline et la
fille d’un colon d’Hélénendorf, sur la tête duquel
reposait aussi une partie de l’énorme dette ;
M. Hohenacker là racheta*
Les environs d’Hélénendorf ne présentant
plus une moisson aussi abondante pour ses travaux,
M. Hohenacker avait demandé au gouvernement
d’être transféré dans le pays deTaliche,
sur les bords de la mer Caspienne, et il était
occupé de son déménagement au moment où je
lui fis visite* Le lendemain de mon arrivée, il
s’offrit pour me guider dans une excursion sur
le mont Sarial*
En nous dirigeant à 7 verst au S. E. d’Hélénendorf,
vers le pied de cette montagne, nous
passâmes d’abord entre des collines de craie
blanche, semblable à celle des environs de Sablv
en Crimée et que j’ai désignée ailleurs sous le
n° 11 (1). Cette craie est presque sans pétrifications
; on l’emploie aux constructions de la colonie.
On en retire aussi une espèce de keffé-kil
ou de terre à foulon, comme celle de Sably, ou
de Tchorgouna en Crimée ; les Tatares en font
usage pour la lessive et les soins de propreté.
Derrière ces collines de craie, on aborde un
(1) Voyez Bulletin de la Société géologique de France,
réunion extraordinaire d’Alençon, 1837, p. 38-