que ferment des portes munies de poutres
garnies de fer (1), au-dessous desquelles coule
le fleuve Dyriodoris (2) ; en-decà, se trouve sur
un rocher un château appelé Cumania, qui est
assez bien fortifié pour fermer le passage à des
tribus innombrables. Ala sortie de ce défilé (au
midi), est entre autres la ville ibérienne de
Harmastis (Armazi). »
Procope fait une longue histoire de ces portes
qu’il appelle portes Caspiennes, malgré l’avertissement
de Pline.
Chez Aboulfeda, c’est la porte Bab-alalan ,
chez Massoudy (3) , Bab-allan, du nom des
Alains, les Osses de nos jours.
Quant au nom moderne, on écrit Darial,
Dariel et Dariela : les Arméniens disent Tarial,
tous noms qu’on dérive de dar, dara vallée en
tatare, et de iol, chemin ; on traduirait ce nom en
persan par derbend, qui répond à défilé (4).
Les Osses prononcent Dairan, et les Géor-
(1) Presque toutes les portes des anciens châteaux
géorgiens étaient ainsi revêtues de fer; j ’ai parlé de celles
de Ghélathi, d’Atskour, deModanaki, etc.
(2) Le Térek, j ’ignore d’où lui vient cette épithète.
(3) Magasin asiatique de Klaproth, p. 287.
(4) On trouve dans la Statistique de la Géorgie, en russe,
en 4 vol., citée plus haut, une étymologie rapportée par
M. Grégoire Gordéef, qui fait venir Danala de Der-i-ala,
Porte d’Ala.
«ùens, rendant ce nom dans leur langue, disent :
Khévis-Kari, qui signifie, porte de la vallée.
Ceux qui ont voulu voir dans le passage de
Dariel celui de Darina de Ménandre-Protector,
se sont singulièrement trompés : j’ai donné plus
haut la vraie interprétation des localités mentionnées
par l’auteur byzantin (1).
Dans le cours de mon voyage, l’on a pu voir
que les routes à travers le Caucase ne se réduisaient
pas au défilé seul du Térek, il en existait
d’autres à l’ouest et à l’est.
Les premières, pour ne citer que les plus remarquables,
étaient la grande route qui aboutissait
à Dioscourias à travers les cols du. Maroukh
et la haute vallée du Tsébelda, arrosée par la
Kodor et ses affluents. Tel était le vrai passage de
Darina.
Les cols à droite et à gauche de l’Elbrous faisaient
communiquer le Souaneth et la Colchide
avec les vallées septentrionales du Baksan et de
la Téberda(2).
Le col à l’est du Passmta menait de la grande
vallée du Ratcha, chez les Dougors (3).
Tous ces cols et passages étaient connus des
(1) Voyez t. I de mon Voyage, p. 326. Comparez avec
Saint-Martin, Mémoire historique y II, p. ig 3 .
(2) Voyez t. III, p. 16, et t. II, p. 77 et 127.
(3 ) Voyez t. II, p. 77 et 4 i 6 .