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En descendant le cône, j ’allai examiner la
nature de l’aiguille de rocher qui sort de ses
flancs au S. E.; je n’ai trouvé que du porphyre
trachytique et une continuation de l’arête qui
marque la face opposée du cône.
Nous redescendîmes par le même chemin , et
arrivés à l’extrémité des prairies, en face des
maisons des bains, avant d’entrer dans les bois,
nous fîmes une halte pour laisser reposer notre
escorte, et j’en profitai pour dessiner la vue. de
l’ensemble de tous les cônes qui entourent le
pied du Béchetau par le N. O., le N. et le N.E.
Cette vue fait panorama (1).
Tous ces jets, jusqu’aux plus éloignés, sont
de même nature que le Béchetau, c’est-à-dire
porphyriques et trachy tiques. Le paysage est si
singulier et si intéressant que je n’ai pu résister
au désir de le faire lithographier. C’est un complément
naturel de la vue du Béchetau, et en
voici la description nécessaire.
Il m’a été très-difficile de deviner sous quels
noms chacun de ces pics isolés a été connu des
anciens voyageurs Güldenstâdt, Pallas et Kla-
prOth; car, sans compter le Machouka, leLis-
saïa-Gora, le Béchetau qu’on ne voit pas, nous
avons ici un labyrinthe de neuf pics isolés. La
relation du Voyage de Güldenstâdt donne quatre
énumérations principales du Béchetau et des
montagnes qui l’entourent. Elles ont été prises
de différents points de l’horizon , et en consultant
chaque fois un autre guide; chacune n’est
guère qu’une note que le voyageur s’était réservé
de rédiger ensuite pour former un ensemble
de description facile à suivre.
Mais malheureusement Güldenstâdt n’a pu
rédiger lui-même son journal, oeuvre posthume,
et Pallas , qui a été chargé de la rédaction, s’est
contenté d’imprimer les mots sans aucune critique
: il en est résulté un dédale où j ’ai cru
longtemps me perdre, et qui ne serait vraiment
intelligible que pour l’auteur.
Cependant à force de comparer, d’essayer,
je crois que je suis parvenu à saisir' sa pensée.
La première difficulté qui s’est présentée venait
de la fausse idée qu’avait Güldenstâdt de
l’origine du nom de Béchetau. Au lieu de penser
comme les modernes , que ce nom lui vient de
ses cinq cimes, il croit devoir chercher son
nombre de cinq montagnes parmi les différents
jets qui se présentent autour de lui. Ce n’est
que la dernière de ses énumérations qui met
un peu sur la voie pour connaître la position,
le nom et la nature de chacune de ces montagnes.
Pallas, par contre, commence sa narration en
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