Sous cet ardent climat d’été, c’était une richesse
qu’on a su apprécier de bonne heure que ces
grandes et belles sources de 12° de Réaumur,
et d’abondance égale été et hiver, qui s’échappent
sur les pentes d’une colline de conglomérat.
De vieilles enceintes, des ruines de tous les
âges en occupent le vaste sommet aplati qui
domine de toutes parts le cours de l’Araxe,
qu’on voit tourner comme un ruban dans la
plaine au sud. ♦
Nakhtchévan, après tant de maîtres différents
, traversa tous les siècles, laissant toujours
derrière elle quelque monument de sa
gloire passée. Elle eut plusieurs époques brillantes;
l’une de celles qui lui donna le plus de
relief fut celle où elle devint l’une des résidences
des rois et atabeks de l’Aderbaïdjan. La
majeure partie des mpnuments de cette ville
datent de cette époque-là.
Dans le dessin que je donne de Nakhtchévan,
j ’en ai représenté deux des plus remarquables
: à droite, la Tour des Khans; à gauche,
l’ancienne porte d’entrée du château des atabeks,
dont il ne reste que quelques lambeaux de
murailles (1). Le portail est encadré par deux
minarets en briques, avec une mosaïque en
briques vernissées. Une inscription en grandes
(i) Voyez IIIe série, pl. 22.
lettres bleues remplit le champ de la frise au-
dessus de la porte.
Cette inscription coufique et la suivante ont
été l’objet des recherches de M. l’académicien
Fràhn de Saint-Pétersbourg, qui en a donné
l’explication dans le Bulletin scientifique publié
par l’Académie, n° 1, IIe vol. 1837.
Il traduit ainsi la première :
« Le sage, le j uste, l’auguste roi et atabek
Abou-Dchaasar Mouhammed, fils de l’atabek
Ildéghis, dont Dieu veuille éclairer le tombeau. »
M. Frâhn suppose que cette inscription est
incomplète. Je puis assurer qu’il n’y a que cela
dans le cadre bordé d’une moulure qui occupe
tout je dessus de la porte.
Le second monument, qui est à peu de distance,
en face de la porte d’entrée, est unique
dans son genre. Ôn lui donne communément le
nom de Tour dès Khans ou d’Atabek Kombési
(dôme, dès atabeks) ; il ressemble à une tour
dodécagone qui mesurerait 96 pieds de tour ,
et .70 pieds de hauteur (1). Chacun des côtés
formé comme une immense niche plate, peu
profonde, encadrée dans une large et riche
bordure. L’intérieur, ou plutôt le champ de la
( 0 Ce ne peut être le monument que décrit Tavernier,
au t. I, p. 54 èt 55, éd. 1712, et qu’il attribue à Timur-
Leng.