Nous trouvâmes la poste de Chamekor à 2
verst au-dessus des ruines, occupant l’une des
maisons abandonnées de la colonie allemande de
Annenfeld. Les nouveaux colons trouvèrent là
un sol excellent, et beaucoup d’eau pour arroser
leurs plantations, mais à côté de cela , un climat
horriblement malsain dans les mois chauds de
l’été , parce que leur village était placé dans un
bas-fond : si les habitants avaient su mener une
vie nomade comme les Ta tares , qui se retirent
dans la mauvaise saison sur les montagnes qui
longent la plaine , ils se seraient tirés d’affaire ;
mais obligés de rester pour soigner leurs vignes,
leurs jardins, ils périrent presque tous de fièvres
typhoïdes , et le peu qu’il en resta fut obligé de
se retirer dans une colonie plus saine. Leurs
vergers et leurs vignobles sont encore là , et
quelques Arméniens en prennent soin pour leur
propre compte.
Rien d’intéressant ne s’offrit à nos regards
dans cette vaste plaine, que nous traversions
aussi rapidement que possible. Des foi-mations
tertiaires et quelques lambeaux de craie sont les
seuls accidents de ce sol uniforme.
•
est, u tait olLobab, arx in ditione Arran. Aliquis, qui ver-
satus ibi est, perhibuit mihi, pagum (aut oppidum), est
Bardaæ: etquidem ibi segetes esse, quas è teguriis custo-
diant : esse quoque ibi Minnares summè excelsum at-
que eminentem. »
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Nous passâmes par les postes de Dzégham, de
Taouz ; ici Ali me demanda encore la permission
d’aller chez lui et de se rendre directement à
Tiflis sans passer à Kathrinenfeld ; j ’y consentis,
et seul, abandonné à moi-même , je me dis que
je trouverais bien le chemin de Tiflis sans lui ,
malgré l’expérience que je venais défaire à Kou-
rak-tchaï , et qu’avec un peu de résolution et
de confiance tous les obstacles disparaîtraient.
J’allai passer la nuit à Akstafa , dans la hutte
souterraine des cosaques, où je trouvai un petit
coin; car la chambre des voyageurs était occupée
par quelque noble personnage. Je fis mon
thé pour dîner et souper, et je m’endormis
comme à l’ordinaire dans ce taudis de postillons
et de cosaques.
On m’expédia le lendemain sans difficulté pour
Sala-Akli, où je m’arrêtai un instant chez le chef
du district pour le prier de me procurer des
chevaux pour Kathrinenfeld : je lui présentai
un ordre exprès du comte-Rosen, un ordre précis
qui l’obligeait à acquiescer à ma demande ;
mais tout en étant fort poli, il sut me renvoyer
à son voisin qui était bien loin à Agdjikala , hors
de ma route. Un peu désapointé par. sa mauvaise
volonté, je continuai ma route en félégues
jusqu’à la station de Mouganli, au-delà du Pont
Rouge.
En ce lieu, malgré l’ordre exprès du baron de