Je trouvai au pied d’un rocher qui faisait chaînon
avec les cimes principales, une église assez
ancienne, entourée de tombeaux avec des inscriptions
arméniennes : l’ancien village s^ten-
dait non loin du cimetière.
Je copiai sur la porte de l’église une courte
inscription arménienne dont on n’a pu tirer que
ces mots : « Ce saint monument médecin en
607 de l’ère arm. ( n 58 del’ère chrét.). »
L intérieur du temple était parc d’ofïrandes ou
ex volo, sous forme de boeufs ou de chevaux en
terre cuite, chargés de lampes ou candélabres
de la même matière, tous travaillés par un ouvrier
du pays. Si cette église se ruine, que les
vases grossiers s’ensevelissent sous les décombres,
et que des antiquaires , après des siècles
(peut-être après qu’une secte nouvelle se sera
établie sur les débris de fa religion actuelle),
viennent à les déterrer, ils auront bien de la
peine à les expliquer, à les commenter : Dieu sait
ce qu’ils enferont, quels mystères ils inventeront
pour s’en rendre compte. Et cependant ces
grotesques figures ne sont qu’une fantaisie d’un
simple potier qui ne sait pas lire, mais qui passe
pour le génie du pays en fait d’inventions de ce
genre.
De retour au village, je fus assailli par les habitants,
qui voulaient à toute force que je fusse
médecin et que je visitasse leurs malades. Pour
me débarrasser de leurs importunilés, je fus
obligé de faire une tournée, où je ne vis que des
hydropiques et des fiévreux.
Le avril, notre trajet se fit en remontant le
ruisseau de Kaladarassi, encaissé de mélaphyres
qui ont soulevé des schistes argileux. Le j'ugum
qui sépare le cours de ce ruisseau d’avec celui
du Kargar présente quelques lambeaux de ce
schiste. Je dessinai de ce point la vue que l’on a
sur la belle vallée boisée du Kaladarassi, et sur
les montagnes encore blanches de neige de l’A—
laghez, qui faisaient rideau du nord au sud.
Le^ cimes se dessinaient par mamelons comme
des montagnes volcaniques, et n’offraient rien
des déchirures, des pics et des dents de nos
Alpes.
Descendant ensuite dans le lit du Kargar,
nous ne cheminâmes que sur des mélaphyres et
sur des porphyres récents de toutes espèces, jusqu’à
Choueha; le pays était inhabité et boisé.
Nous entrâmes dans Choueha par la porte d’É -
rivan.
Choueha.
Chouclia est une forteresse naturelle presque
inexpugnable. Sur un vaste dôme de mélaphyre
s’étend un banc de calcaire compacte jurassique
isole, présentant dans tout son pourtour une