der à ce prince, dont il exigea en même temps
la soumission. Nazir n’osa se refuser ni à l’une,
ni à l’autre de ces exigences, et Libaride se
trouva enfin entre les mains du sultan Tho-
ghrul (1).
L ’empereur Constantin Monomaque , instruit
de la prise de Libaride, envoya vers le sultan ,
George Drosus, secrétaire d’Aaron, avec des
présents magnifiques et une rançon , pour
demander sa liberté et traiter de la paix.
En recevant l’ambassade, le sultan voulut se
montrer plutôt un roi généreux qu’un marchand
avare, il donna Libaride en présent à l’empereur
; puis, prenant la rançon, il la remit à son
prisonnier, l’exhortant à se souvenir de ce jour
et à ne plus combattre contre les Seldjouki-
des (2).
Constantin, heureux d’obtenir la paix et la
liberté de Libaride, fit restaurer à Constanti-
nople la grande mosquée des musulmans , dans
laquelle il fit faire des prières publiques, au nom
de Thoghrul-Begh, alors le plus puissant des
princes musulmans (3). L’empereur renvoya
(1) Aboulfaradj, dans Saint-Martin, II, 218.
(2) Cédrenus, dans Saint-Martin, II, 208.
(3) Ibn-Alathir , dans Saint-Martin, II, p. 216, et
Aboulfaradj, chronique syriaque, dans Saint-Martin,
I I ,2 i 7.
Libaride avec de grands présents dans son
pays, auprès de sa femme et de ses enfants.
Libaride avait été plus d’un an en captivité 5
revenu à Constantinople en io 5o , ce ne fut
qu’en io 5i qu’il put rentrer dans ses états (1).
Isaac Comnène, en montant sur le trône, le
8 juin 1057 , combla de bienfaits les généraux
qui lui avaient été fidèles; Libaride fut du
nombre.
Tant de distinctions de la part des empereurs,
ne devaient que renforcer la haine et la jalousie
de Bagrat IV, qui avait, pour faire périr Libaride,
un motif plus puissant encore, c’est
qu’il était prince à vie de la Meskhie, Ce roi,
dans une expédition militaire, ourdit une conspiration
contre son général, et Libaride, entouré
un jour de gens que Bagrat avait payés ,
fut renversé de cheval et assassiné sur la place,
au milieu de la foule. Son corps , déposé dans
un magnifique cercueil, fut enseveli à Bethania ,
grand et célèbre monastère , fondé par les
Orpélians, qui y avaient leurs tombeaux (2).
(1) Etienne Orpélian, dans son histoii'e cite , à dessein,
la prise et la défaite de L ibaride, pour donner plus de
relief à la gloire de son héros.
(2) Le récit des derniers événements de la vie de Libaride
, dans Etienne O rpélian, est confus : mais les autres
historiens me font déduire les faits selon que je les ai
racontés. Voyez ce qu’en dit Saint-Martin, II, 23o.