mélaphyre et de roches régénérées, est compacte,
d’une teinte d’un blanc jaunâtre ; quelques
parties m’ont paru dolomitiques. Les couches
sont assez bien conservées et forment des
bancs réguliers de plusieurs pieds d’épaisseur : il
est presque sans pétrifications, ou s’il y en a, elles
sont cimentées fortement avec la roche ; ce sont
des ammonites, des belemnites, des térébratules.
En remontant le Kargar , nous aperçûmes
un homme couché à plat-ventre sur le bord du
ruisseau, et fort occupé : nous nous approchâmes
de lui pour voir ce qu’il faisait. Il fumait, et
cela de la manière la plus économique qu’on
puisse imaginer, car il n’avait pas de pipe à eau
ou Jcalian. Voici comment il s’y prenait pour y
remédier. Ayant creusé dans la terre une petite
fossette grande comme l’intérieur d’une pipe
turque, il fit en dessous, avec une baguette
mince, un tuyau de quatre pouces de profondeur.
Puis faisant remonter son tuyau par un
second coup de baguette , il l’ouvrit à fleur de
terre, et voilà la pipe faite. Pour en faire un ka-
lian , il prenait un peu d’eau dans le creux de sa
main , la versait par le tuyau et en humectait la
terre ; ensuite, remplissant la fossette detabac ,
il y mettait le feu, et adaptant un tuyau de paille
au bout du tuyau de sortie, il avait un kalian en
pleine activité.
INous rentrâmes par la porte d’Erivan.
Trajet de Choucha à Elisabethpol ou Gandjah.
Mercredi ~ avril, je partis de Choucha pour
descendre dans la plaine du Karabagh. En traversant
le plateau de Choucha, fortement incline
vers le N. E ., je ne marchai que sur du calcaire
ou sur de la glaise compacte, jusqu’à la porte
d’Elisabethpol, pratiquée dans une large fente
ouverte du haut en bas dans le calcaire, pai
l’effort des mélaphyres qui tapissent le fond de
la fente.
La vallée circulaire qui entoure le rocher de
Choucha me semble un vaste cratère de soulèvement
, opéré par des mélaphyres ou par des
porphyres. Comme du côté du Kargar, l’on voit
ici les porphyres percer à travers le calcaire disloqué
dont les couches descendent, se recourbent
ou se redressent sur leurs jets. Ces porphyres
s’épanchent aussi par grandes masses ou
par rivières qui ont aggloméré d’énormes blocs
de calcaire comme des îles : leur nature est
tantôt tendre, friable, sablonneuse, ou dure et
compacte; leur teinte est ou verdâtre, ou noirâtre;
ils ne diffèrent pas de ceux que j ’ai décrits
dans ma course au bord du Kargar.
De grands espaces sont remplis de débris
roulés de calcaire et de porphyre. Quand les
roches ignées ont travaillé ce banc de calcaire,