mention de ces vallées inabordables ; mais il paraît
que longtemps les germes de cet antique es-r
prit d’indépendance se conservèrent chez ces rejetons
de Haïgaznis. En 1722, les habitants du
Siounik ou Sisagan se révoltèrent contre les
Persans, sous la conduite d’un Haïgazni, nommé
David. Soutenu par le roi de Géorgie, il se défendit
avec succès contre les gouverneurs persans
d’Arménie, et pendant six ans exerça son
autorité dans le pays qu’il avait fait soulever.
Mon hôte pouvait fort bien être un Haïgazni?
Les Tatares de Nougadi et des autres villages
qui cultivent la vigne ne font pas de vin ; ils vendent
ordinairement leurs raisins aux Arméniens ;
ceux-ci en font de l’eau-de-vie qu’ils préfèrent
de beaucoup au vin. On me servit à Nougadi des
grenades excellentes, qui rivalisaient pour leur
grosseur et leur goût sucré avec celle de Kour-
dache.
Comblé de politesses par notre hôte, nous poursuivîmes
notre marche le ~ avril. Nous traversâmes,
dans leur longueur, les jardins du village
où les amandiers ornaient les vergers de leurs
fleurs roses. Au milieu des arbres encore dépouillés
de leur feuillage, légèrement parés de leur
verdure naissante , il est impossible de voir une
image du printemps plus riante. Nous escaladâmes
un contrefort qui nous séparait de l’Araxe,
que nous ne quittâmes plus jusqu’à son entrée
dans la plaine.
Nous étions à la frontière des porphyres dio-
ritiques gris et des syénites, qui sont remplacés
par de grandes masses d’une roche verte, que
M. Gustave Rosen prend aussi pour un diorite
avec surabondance d’amphibole ; mais du schiste
micacé verdâtre encaisse l’Araxe dans un espace
de 7 verst, ensuite il fait place à une vaste formation
de serpentine d’un gris verdâtre, remplie
d’amygdales de serpentine noire. Cette serpentine
se confond avec des masses amygdalaires
semées d’amygdales de quarz (1).
Jusqu’ici, l’Araxe est encore très-rapide et
coule avec violence contre ses rives escarpées ;
mais plus loin il se calme, et sa vallée commence
â être coupée d’espace en espace par de petites
plaines couvertes d’arbres auxquels se mêlent
déjà le figuier et la vigne grimpant sur l’ormeau ;
on s’aperçoit qu’on est sur la limite d’une nouvelle
région.
A 20 verst de Nougadi, s’élève tout à coup
par-dessus les masses de serpentine et d’amygdales
quarzeuses, une formation considérable de
calcaire noir, disposé en grands lits épais de 4 à
5 pieds. Les pétrifications sont reconnaissables
pai leurs coquilles, qui, ainsi qu’une immense
(i) Détermination de M. Gustave Rosen.