forme de 10 pieds carrés qui couronne la cime
du cône.
Nous y trouvâmes les restes d’une pyramide
en pierre que la foudre a renversée.
Jusqu’ic i, c’est-à-dire de sa base jusqu’à la
partie la plus élevée, le Béchetau ne nous a offert
qu’une seule nature de roche ; c’est un vrai
porphyre trachytique, composé de feldspath
vitreux et blanc, de grains de quartz, de petits
cristaux altérés d’amphibole dans une pâte
feldspathique vitreuse blanchâtre.
La vue dont on jouit du haut de cet observatoire
est naturellement des plus étendues; par
des jours clairs, une grande partie du Caucase se
déroule comme un immense panorama dont
l’Elbrous paraît le point Culminant. Nous
n’eûmes pas cette bonne fortune ; les nuages
nous cachaient la chaîne éloignée, et notre vue
n’embrassait que les satellites du Béchetau et
l’immensité de la steppe. Pallas croit que par un
temps serein, la vue peut même s’étendre jusqu’à
Kislar et jusqu’à la Mer Caspienne. Par un
petit calcul, il est facile de voir combien une
pareille prétention est erronée ; car en donnant
au Béchetau 4?5oo pieds de hauteur absolue, et
en calculant, dans une plaine si peu élevée, son
horizon possible d’après la courbure de la terre,
on voit bientôt qu’il se termine à 123 verst de
distance, c’est-à-dire aux environs de Mosdok,
tandis que Kislar, en ligne directe, est à27Ô verst
et la Mer Caspienne à 33o verst.
Du sommet même de l’Elbrous, on n’y atteindrait
pas, tant s'en faut, puisqu’à raison de
sa hauteur absolue, son horizon possible ne s’étend
qu’à a34 verst et que la Mer Caspienne en
est à 3yo verst,
La plate-forme, le ?3 juin, était couverte
d’une végétation assez riche, dont je fis une petite
moisson à la prière de M. de Stéven. Elle
renferme seize plantes qui ne se trouvent point
dans le catalogue des plantes de Güidenstadt et
de Pallas.
J’ai d’abord pensé ne donner aux botanistes
que cette petite énumération comme échantillon
de la végétation d’une montagne aussi isolée
que celle-là au milieu d’une steppe ; mais
mon ami, M. Charles Godet, ayant eu l’obligeance
de revoir ce travail pour y ajouter les
plantes qu’il a recueillies au pied du Béchetau,
a trouvé que ce serait le rendre plus intéressant
que d’y joindre la flore de toute la contrée qui
avoisine le groupe du Béchetau et les bains de
Pétigorsk, de Kislavodsk ou Narzana et des
eaux martiales, Je présente à mes lecteurs ce
catalogue intéressant tel qu’il l’a rédigé lui-
même , et je ne doute pas qu’il ne soit bien accueilli
par ceux qui connaissent l’esprit consciencieux
de son auteur.