(3 fr. 60 cent.) ; jamais les habitants n’ont vendu
leurs cocons. Quand l’année est bonne à Kan-
dakli, on récolte jusqu’à 6 batmans ou 90 livres
de soie.
Le 3 avril, continuant de remonter l’Akiéritchaï
, nous passâmes plusieurs petits ruisseaux,
affluents de gauche de cette rivière. Jusqu’au
quinzième verst, les deux bords de la vallée sont
formés comme plus bas, de couches de conglomérat
recouvert par une glaise jaune mêlée de
scories avec des coquillages terrestres, tels que les
hélices ; par-dessus, viennent les couches d’une
espèce de grès blanc brillant, friable, volcanique,
avec de petites parcelles noires ; c’est un
vrai strass. Une molasse grossière de débris de
lave, de lapilli, de cendres, de mélaphyre, recouvre
le tout.
Ses couches sont à peu près de même qu’à
Kodjakhan, et présentent, dans le sens de la
vallée de l’Akiéiâtchaï, une corniche légèrement
ascendante qu’on prendrait pour une roche calcaire.
Le pied des collines est recouvert de gros
cailloux de mélaphyre et de laves; ce sont des
débris du conglomérat, sur lequel repose la
glaise jaune, qui a de 20 à 3o pieds d’épaisseur.
La vallée gagne en pittoresque, en se resserrant
de plus en plus. Depuis Kandakli, on ne
voit- sur les bords de la rivière , que le petit village
de Rapi, avec un grand tombeau conique ,
et, par-ci par-là, quelques champs.
Au quinzième verst, la scène change. Quelques
pics de mélaphyre soulèvent les formations de la
vallée, en commençant par la rive gauche et en
passant sur la droite, où l’on distingue le mieux
comment les couches, que j ’ai décrites plus haut,
montent, s’arrondissent en dôme, dès que le
mélaphyre surgit par-dessous ; comment les
couches supérieures alors se recourbent ; et petit
à petit, comment le banc tout entier a été disloqué
par les pics principaux de mélaphyre qui
ont emporté des massifs de ces formations au
sommet de leurs jets, tandis que d’autres massifs
sont étagés comme des degrés sur les talus
des jets.
La sortie de ces mélaphyres rétrécit encore
plus la vallée, qui devient très-sauvage; des
saules, des aunes bordent la rivière ; le Paliurus
ou chapeau d’évêque, le grand genévrier ou
Juniperus excelsa, verdissent les penlés de la
vallée, mêlés aux chênes; on voit même des
noyers et quelques rameaux de vigne. La végétation
est plus tardive qu’au bas de la vallée. La
Scilla rotata bleue et blanche, la Dentaire quinte
feuille, la violette odorante pourpre, celle des
champs, Vanémone appennine bleue, la primevère
jaune, bordent le chemin qui devient
toujours plus mauvais à travers les roches por