enrichiront Hélénendorf, et le nom de M. de Sté-
ven sera béni par tous ses habitants.
Jusqu’à présent, la culture des vers à soie n’a
pu entrer dans le plan d’économie des habitants
du village, par une raison très-simple : les soins
qu’il faut donner à cette chenille tombent précisément
à l’époque où les travaux de la campagne
s’accumulent, où la culture des champs, de la
vigne, des jardins, les fenaisons, exigent le plus
de bras, et la population du village n’a pas encore
de surplus qui puisse se livrer à cette branche
d’industrie sans faire tort aux soins de l’économie
rurale.
L ’indigo n’a pas réussi, malgré les, soins de
M. Hohenacker. Le coton à longue soie mériterait
d’être mis en culture, et on devrait en faire
quelques essais avec plus de soin, car, jusqu’à
présent, je crois qu’ils ont tous été infructueux.
Pour le moment, la position d’Hélénendorf est
très-précaire, forcée qu’elle a été de restreindre
ou d’abandonner des branches d’économie rurale
qui ne sont pas appropriées au sol du village,
ou qui ne fournissent presque aucun revenu, pour
saisir d’autres branches d’une prospérité future.
Un changement pareil ne s’opère pas en un clin
d’oeil ; on sait combien le paysan a de peine à
sortir de sa vieille routine, à adopter des innovations.
D’ailleurs, que d’essais, qqe de tâtonnements
peut-être infructueux, avant d’avoir
trouvé la bonne méthode de culture, la meilleure
voie d’exportation pour ses nouveaux produits
, etc., etc., et, en attendant, il faut que
l’homme vive.
Malgré toutes ces difficultés, ce changement
nécessaire s’effectuerait sans peine et l’on pour-
rait compter sur une parfaite réussite, si le village
ne se trouvait dans la plus fâcheuse position
sous le rapport pécuniaire,.
La majeure partie des habitants du village se
trouve engagée envers la couronne pour des
sommes si considérables, qu’il est impossible,
dans cet état de choses, qu’ils puissent s’acquitter,
même avec la meilleure volonté. La plupart
des débiteurs doivent plus qu’ils ne possèdent.
Une somme de 1000 à 2000 roubles en argent
est horriblement forte pour un simple paysan qui
gagne à peine le nécessaire. Cette accumulation
de la dette ne vient point de la faute des colons.
A peine le village commençait-il à fleurir et à
sortir des embarras multipliés d’un premier établissement,
qu’il fut pillé pendant la guerre de
1826, par les Persans, et surtout par les Tatares
révoltés du Karabagh qui étaient les plus acharnés
contre les Russes. Récoltes, fruits, légumes,
tout a été anéanti : il n’est pas demeuré une seule
charrue, un seul instrument, une seule porte ,
une seule fenêtre, un seul clou, tout a été enlevé,
et le bétail en même temps. Enfin , il n’est