il est aisé de se représenter quelles collines entières
de débris de l’une et de l’autre nature ont
dû s’entasser au milieu de ces grands fragments
en mouvement.
Sur le calcaire, paraît un schiste analogue à
celui de la craie de Koutaïs.
Le calcaire de Choucha queje range parmi les
formations jurassiques, n’a, comme je l’ai remarqué
plus haut, presque pas de pétrifications libres
: le peu que j ’en vis de ce coté-ci, consistait
en une térébratule et en une Ostrea nodosa
Munster, Goldf. 74, fig- 4> semblable à celle du
calcaire noir d’Aïdaniel, sur la côte de Crimée,
et du calcaire jurassique à Streitberg et à
Amberg.
Quelques couches supérieures sont remarquables
en ce qu’elles renferment une multitude
d’amygdales vertes, de la nature des porphyres
terreux, comme si ces couches s’étaient formées
pendant un premier et léger travail des porphyres.
On quitte le calcaire jurassique à cinq ou six
verst de Choucha ; les porphyres mêlés à du
schiste noir remplissent alors seuls la vallée jusqu’aux
ruines des deux châteaux d'Askeran ,
où reparaît du calcaire , mais qui appartient à la
craie. Les collines qui bordent la vallée du Kar-
gar sont semées çà et là et comme arrachées du
sein de la terre. Au-delà d’Askéran, la vallée
s’élargit, et les extrémités de la vaste plaine du
Karabagh s’avancent comme des golfes entre
ces collines. .
Partout de nombreuses traces d’habitations,
de grands villages arméniens, des tombeaux arméniens
avec des sculptures ou des béliers de la
forme de ceux de Djoulfa , ou des sarcophages
comme ceux de Kodjagan (1), nous rappellent
les temps prospères des rois agliovans ou gon
géans.
En s’élargissant comme une plaine , la vallee
comblée des débris du Kargar est bornée à l’est
et à l’ouest par des collines qui s’abaissent de
plus en plus. Le lointain devient immense en
s’ouvrant au fur et à mesure qu’on avance, et,
derrière cette vaste plaine unie, s’élève, comme
un léger rideau, la chaîne du Caucase avec ses
cimes toujours blanches.
Cette plaine à l’est ne se termine que sur les
rives de la mer Caspienne, où elle confond ses
limites avec celles de la vase et des roseaux. Là
s’égare, en tournoyant, le Kour, que va rejoindre
l’Araxe, calmé après être sorti de son étroite
écluse de Migri. Réunis , ces deux fleuves cherchent
à se conserver un passage à travers un sol
qu’ils ont créé , et leurs embouchures incertai-
( 1) Voyez IVe série, archéologie, pl. 28.