Quelques jours après, l’on vit le jeune homtoe
revenir sans son père. Selon son merveilleux
récit, il était monté avec lui jusqu'au pied du
cône de la montagne. Là, sans doute, le fardeau
de ses péchés de jeunesse l’avait empêché de
gravir plus haut et il avait laissé son père continuer
seul son ascension sur cette terre sainte.
Resté en prière pendant sept jours à attendre
son père , il l’avait enfin vu revenir, triomphant
d’avoir effectivement retrouvé l’église , la tente,
le berceau et les trésors ; mais,le temps n’était
pas encore venu d 'y toucher.
En attendant ce moment, son.père était retourné
yeiller autour de l’église, et lüi avait dit
d’apporter cette bùnne nouvelle au rôi,; avec la
preuve de la'vérité de son récit, consistant en
un vieux morceau de toile pourrie venant de là
tente , en un fragment de bois vermoulu pris au
berceau , et en quelques pctrcts de Seli in I , qui
vivait en i 5i 2. • - : ' >
Quelque notoire que fût la tromperie, dans
toute cette histoire, le roi reçut pieusement
toutes ces reliques , qu’accompagnait un morceau
de marbre blanc , largement taché de
rouge, détaché de l’autel, au dire du jeune
prêtre.
Telle fut la farce qui n’a de vrai que l’impudence
du jeune fourbe, qui a probablement
voulu masquer ainsi la mort de son père ,
tombé dans quelque précipice, et qu’on ne revit
jamais.
Il est probable> cependant, qu’il existe des
grottes taillées au ciseau, dans une masse peut-
être semblable au tuf de Vardzie, au pied du
cône. On les connaît sous le nom de Béthléem
et on dit qu’elles étaient habitées autrefois par
des moines ; mais pour les mettre en rapport
avec la légende du Kasbek , on a bien soin d’ajouter
qu’une chaîne dé fer suspendue servait à
ces religieux pour monter jusqu’à la tente
d’Abraham (1).
MM. Engelhardt et Parrot parlent aussi d’une
caverne dédiée à Marie et à Jésus-Christ, et dont
ils ont fixé la hauteur à 12,882— 13,082.
Ceci n’étonne pas; car l’art des grottes avait
aussi péîiétré dans ces vallées ; on en trouve sur
la montagne élevée de Garaki, qui sépare le village
d'Arssa de celui de Panchèti, à peu de
distance au sud de Gherghéti ; elles ne sont pas
grandes (2).
Le village de Kasbek, autrefois Stépan-Tzmin-
da (Saint-Etienne) , a emprunté le nom de son
propriétaire , gentilhomme de la famille des
Tsobikhan-chviU , qui tenait de ses ancêtres,
( 1) Klaprotlï, Voyage, t. I, p. 473.
(2) Description statistique de la Géorgie, en russe, t. II,
p . 121.
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