d’une île. Dans le fait, on ne peut s’en expliquer
l’origine autrement; car l’immensité des dépôts
n’est pas l’ouvrage de quelques siècles. A voir
les collines élevées qu’ils ont formées, on est
forcé d’appeler les milliers d’années pour contribuer
a ces créations et, selon moi, rien n’empêche
de supposer que ces sources datent déjà de
l’époque tertiaire, où le Machouka était encore
une île dans le large détroit caucasien.
Ces sources jaillissant sur le rivage ou peut-
être dans la mer, les terres sédimentaires se
sont déposées par récifs et leur côté abrupt,
tourmenté par les brisants, a dû regarder l’île ,
tandis qu’à l’opposé le tassement se faisait sous
une onde plus profonde et plus tranquille. Je ne
puis m’expliquer aussi que par les mêmes causes
les espèces de couches ou de lits réguliers qu’on
remarque dans le tuf ; ils ont gardé en général
leur horizontalité et sont tous à peu près au
même niveau.
Quand au Machouka, il consiste en un calcaire
crayeux gris foncé, le plus souvent noirâtre, par
couches de toutes dimensions.
Ce calcaire du groupe'de la craie supérieure,
se casse par blocs angulaires; il est encore comme
une brique bien cuite. Sa texture est cristalline,
très-compacte. " _ x -*•
Dans les plans des couches, on (rolive quelquefois
des empreintes de coquillages qui reviennent
presque toutes à Ylnoceramus Cuvierii,
très-finement strié.
Ces empreintes sont très-difficiles à extraire
et si fortement aplaties l’une sur l’autre, qu’il
est difficile de les séparer.
Le calcaire crayeux hérisse tout le pourtour
du Machouka jusqu’aux deux tiers de sa hauteur.
Des chênes, du sureau, du troëne, des rosiers
que je trouvai en pleine fleur, s’enracinent partout
dans un terreau noir, fertile, qui recouvre
souvent la roche.
L’autre tiers du Machouka est nu et forme un
dôme arrondi, gazonné richement, et couronné
du monument en l’honneur du général Emanuel.
La roche est à-1 ou 2 pieds de profondeur sous le
gazon.
I c i, sur la sommité, le calcaire se feuillette
et il est d’un noir brillant* Je ne puis douter
qu’il n’ait subi une grande altération lors de
l’éruption du eratère du Béchetau, et cette
altération,, produite w par un haut degré de chaleur,
a donné à la roche sa nature cristalline,
ses teintes noirâtres, en a détruit la texture et
dénaturé les pétrifications.
Sans être bien sensiblement inclinées, les couches
du Machouka ascendent visiblement dans le
sens du Béchetau, et cette disposition est une
preuve que j ’ai bien interprété l’axe du cirque
Volcanique du Bêcheteau, dont le Machouka est
une petite partie de l’un des côtés.